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Eliya Waiche

Méthodologie de travail O.D.S., Droit & Philosophie

La notion de Spot Cognitif (Partie IV)

LA NOTION DE SPOT COGNITIF

 

PARTIE IV
Plafond de la Chapelle Sixtine, Michel Ange, la Création d’Adam.

Bonjour à tous, et bienvenue.

    Je suis heureux de vous accueillir dans la quatrième partie de cette série d’articles (le premier est disponible ici)  sur la notion de Spot Cognitif. Le Spot Cognitif est un outil de gestion de l’émotion dans le travail intellectuel, dans le cadre de ma méthode  basée sur les neurosciences d’optimisation intellectuelle O.D.S. introduite ici, qui permet de faciliter la compréhension, la mémorisation et l’exploitation des données complexes. En d’autres termes, elle sert à aider à comprendre et mémoriser des savoirs complexes comme du droit ou de la médecine.

La mystérieuse et légendaire Machine d’Anticythère, un mécanisme antique et sophistiqué, symbole illustrant le Moteur Mnémonique de Simonide animant tout système de mémorisation.

Le Spot Cognitif est un mélange de connaissances sur le fonctionnement du cerveau et de techniques de respiration. L’image retenue pour ce thème est cette magnifique peinture de Michel Ange qui illustre la difficulté pour l’humain de s’extraire de sa condition, en l’occurrence en s’émancipant de la dictature des émotions, la religion étant chargée de gérer les émotions dans la société depuis l’aube des temps. 

Claude Lévi-Strauss (1908-2009) le père de l’ethnologie moderne, qui a démontré le rôle du mysticisme dans la société humaine.

Nous en sommes actuellement aux techniques de médiation (Delta 4, la programmation), qui est la technique de respiration statique la plus exigeante. Nous verrons ensuite les techniques statistiques moins contraignantes (2), avant d’attaquer les  techniques dynamiques (C) et techniques avancées du Spot Cognitif (Partie III). 

DELTA 4 : LA PROGRAMMATION

    La programmation consiste à employer les mécanismes à l’œuvre dans le Spot Cognitif (Delta 4.1). Ils sont très efficaces pour construire des structures cognitives saines (Delta 4.2).

DELTA 4.1 : LES MÉCANISMES DU SPOT COGNITIF 

    La phase finale du protocole de médiation que je propose consiste à capitaliser sur cet état de relaxation et d’épuration pour apporter quelque chose de positif à sa façon de fonctionner. Nous sommes ici dans le domaine de l’auto-hypnose, de l’auto-conditionnement, des thérapies comportementales qui consistent à identifier les mauvais mécanismes internes et les remplacer.
 

Le seul livre de « développement personnel » que je recommanderai : le Peaceful Warrior de Dan Millman.

Nous sommes dans le domaine du développement personnel, qui consiste à donner aux individus les moyens de construire leur propre bonheur, mais il s’agit également du domaine de la psychologie cognitive, qui exploite les neurosciences pour doter l’individu de la compréhension de son cerveau, pour être plus heureux et équilibré.

Le très regretté Alain Lieury, est un des rares auteurs aussi pointus en histoire de l’Art de Mémoire qu’en neurosciences.

Le fonctionnement des neurones est expliqué dans les détails dans le cadre du Spot Cognitif, les principes en jeu lors de la méditation sont les mêmes. La seule différence est que la médiation est un exercice aussi exigeant que l’est par exemple le waterpolo, alors que le Spot Cognitif serait aussi facile et simple à pratiquer que la marche. Nous n’avons pas tous la possibilité de devenir des « maîtres méditants », ni les prédispositions qui le rendent envisageable. En revanche le Spot Cognitif est conçu pour être immédiatement exploitable pour tout le monde.

DELTA 4.2 : LA CONSTRUCTION DE STRUCTURES COGNITIVES SAINES 

      La visualisation est le centre du conditionnement psychique, elle exploite le langage symbolique du subconscient qui sert d’interface avec le conscient. C’est le langage du subconscient qui s’exprime par les rêves ou les visions induites par l’état profond de méditation, induit par des substances psychotropes ou par simple maîtrise de la concentration.

Le Maître-Ouvrage de référence sur les trames de scénario. Il est étudié dans toutes les bonnes universités de cinéma.

Nous avons vu précédemment que Joseph Campbell dans son ouvrage de référence « Le héros aux mille visages » a compilé tous les grands mythes et grandes traditions religieuses pour identifier les lieux communs subconscients universels ou les travaux sur l’interprétation des rêves de Sigmund Freud et de son brillant disciple Carl Gustav Yung.

Carl Gustav Jung (1875-1961) qui est à Sigmund ce qu’Aristote est à Platon.

Dans la phase précédente on a vu qu’on laissait ressortir les préoccupations et qu’on évacuait au maximum les aspects négatifs. Le principe est que l’inspiration laisse émerger les préoccupations et que l’expiration les laisse s’en aller. Chaque élément négatif résulte d’un raisonnement qui est le plus souvent le fruit de réflexes, dont on a même pas conscience. C’est dans la prise de conscience et dans la capacité à changer ce mécanisme que se joue la thérapie comportementale.

Une vision schématique du neurone.

Dans cet esprit, rappelons très rapidement ce qui est évoqué plus précisément en amont et en aval. Les neurotransmetteurs permettent aux données de circuler d’un neurone à l’autre. Ce sont des messagers chimiques qui véhiculent tous une émotion associée à une substance comme l’adrénaline (excitation, récompenses…) ocytocine (amour, orgasme…) la dopamine (plaisir, récompenses…) qui sera indissociable de la donnée mémorisée. Le neurotransmetteur recherche un synapse adapté à le recevoir, chaque neurone ne pouvant recevoir qu’un seul type de neurotransmetteur. Le neurone stimulé émet lui-même le même type de neurotransmetteur et le cycle recommence.

L’ultime frontière à explorer : le fonctionnement du cerveau.

Une fois un système cognitif établi, le cerveau est fainéant, opportuniste et recycle sans scrupule ce qui existe, plutôt que créer de nouvelles connexions et de nouvelles façons de réfléchir. Au contraire le cycle existant se renforce, la répétition développe les connexions entre les neurones, les dendrites (couronnes de branches autour du noyau du neurone) se développent (plus l’arborescence dendritique est développée, plus les facultés de raisonnement et d’invention sont fortes) et les gaines s’entourent de myéline, une substance qui améliore la circulation des informations dans l’axone.  

Si on identifie le circuit qui débouche sur une inquiétude, on se crée une opportunité de le modifier. Grâce à la visualisation il faut créer en utilisant le langage du subconscient une dynamique qui va remplacer l’ancienne. Il faut puiser dans la base de données déjà existantes des choses puissantes et positives ayant du sens pour le subconscient. Souvenirs, espoirs, choses matérielles, immatérielles, réelles ou irréelles, tout ce qui peut se raccrocher à la thématique est adéquat.

Il faut créer de nouvelles façons d’interpréter son histoire, où vous êtes actifs, responsables, où vous emmener les événements dans la direction que vous choisissez. La perception de l’état de victime, impuissante et malmenée, rend impossible la création d’un élan positif.

Il faut inverser les polarités en exaltant sa capacité à être responsable et à agir sur ce qui peut-être contrôlé. Quelque soit l’état de la situation, ce qui compte est la perception de la direction qu’elle prend. Mieux vaut partir de très loin et se sentir capable d’arriver où on l’a choisi qu’être à bon port avec un sentiment d’impuissance.

Notez qu’il ne s’agit pas de se mentir à soi-même, ni d’altérer la réalité objective. D’un point de vu narratif dans une même situation, le même personnage peut-être le héros ou une victime selon la perception et l’action du personnage. Il en va de même pour chacun de nous dans la réalité. Certaines émotions sont incapacitantes alors que d’autres donnent la force de toute une armée. On ne choisit pas sa situation matérielle mais on peut choisir comment la gérer.

Vous avez des problèmes de santé ? Le moral est l’élément prépondérant en dehors des soins médicaux, les symptômes peuvent même correspondre à des origines somatiques. Il faut travailler les points humains que touchent la pathologie, l’énergie vitale contrariée. 

Des problèmes de dettes ? Vous avez le mérite de gérer des difficultés qui incapaciteraient tout le monde, enorgueillissez-vous de votre résilience, concentrez-vous sur l’horizon où vous récupérez le contrôle de la situation. Sélectionnez des images qui correspondent aux symboles positifs qui s’opposent à vos appréhensions.

Des problèmes en affaire ? Les ressources dont vous avez besoin sont la créativité, l’organisation et le pouvoir de décision. Libérez ce qui a trait à la puissance et à la confiance en vous.

Des problèmes en amour ? Concentrez-vous sur ce qui motive vos élans positifs et faites ce qu’il faut pour retrouver et faire fructifier ce niveau d’énergie.

Dr Jean-Martin Charcot (1825-1893) le grand réhabilitateur de l’hypnose au profit de la médecine moderne.

En hypnose on parle de « pattern de rupture », pattern signifiant en sciences humaines « structure simplifiée ». La pattern est un marqueur physique que vous allez associé à une émotion ou à un mécanisme cognitif que vous créez, pour faciliter sa mise en œuvre. Votre pattern de rupture peut être un objet, une bille, un porte-clés, une bague que vous touchez ou même un contact physique comme votre pouce sur votre index.

Quand vous ressentirez dans le quotidien les circuits négatifs que vous avez traité, utilisez votre pattern de rupture, employez une technique de respiration moins contraignante exposée à la suite, et enclenchez votre nouveau circuit. Plus vous accorderez de temps et d’énergie à ce travail et plus il sera efficace.

Le mouvement Hippie des années 1970 a largement démocratisé, voire galvaudé, la méditation en Occident.

Si vous êtes fasciné par la notion de voyage intérieur et que rester assis longtemps les yeux fermés vous convient très bien, s’il ne fallait retenir qu’une seule technique, ce serait la méditation. La méditation est la voie royale ouvrant sur toutes les autres techniques car avec de la pratique vous utiliserez spontanément toutes les autres, en tant que versions simplifiées. La méditation est la forme la plus contraignante et aboutie des techniques de relaxation, c’est aussi la plus dure à aborder frontalement. Toutes les autres techniques mènent à elle et dans l’absolu c’est celle qui est dotée du plus grand potentiel. Le but de toutes les autres techniques est d’appliquer les vertus de la méditation au quotidien.

Que retenir, en simplifié ?

Pensez à une image en vous très positive, tout en vous détendant touchez doucement votre index avec votre pouce, et quand vous êtes en proie au trouble, retrouvez l’image, la respiration et le geste.

Voyons à présent les techniques moins contraignantes.

2. LES TECHNIQUES MOINS CONTRAIGNANTES  

    Il existe une galaxie pléthorique de techniques de respiration, avec de multiples systèmes solaires de disciplines et de traditions. Toutes sont intéressantes, avec leurs propres caractéristiques adaptées à certains usages, avec des philosophies et des outils propres. Par exemple le Bouddhisme Tibétain tel que promu par le Dalaï Lama vise au détachement de toutes choses, vers un niveau d’énergie détaché des contraintes matérielles. Certains Yogis Indiens s’auto-mutilent pour démontrer leur contrôle du physique. Socrate selon certains témoignages pouvait rester debout immobile une nuit entière, ce qui permet de supposer qu’il maîtrisait la méditation profonde.

Toutes recherches et expérimentations que vous mènerez seront instantanément pertinentes, rien n’est mauvais. Il suffit de trouver dans quel contexte telle technique sera spécifiquement parfaite. Voici mon échantillonnage personnel, que nous diviserons en deux catégories, les techniques focalisées sur la sphère encéphale (a) et celles focalisées uniquement sur la respiration (b).

a. LE FOCUS SUR LA SPHÈRE ENCÉPHALE

    La physiologie de la tête fait que toute la sphère O.R.L., le nez, la bouche etc… est très interconnectée. Le moindre effet sur une de ces fonctions a un retentissement impossible à ignorer. Quiconque a subit un de ces dérangements, même léger, sait quel puissant effet sur l’esprit ils exercent. Il en est de même positivement, voici quelques techniques qui mettent à profit ces propriétés.

Voyons ensemble le yoga des yeux (Alpha) et la salivation (Bêta) et le travail sur les zygomatiques (Delta).

ALPHA : LE YOGA DES YEUX

    Il relèverait d’une folle témérité de prétendre inventer quelque chose en matière de techniques de respiration. Le Yoga des yeux flirt avec cette témérité, sans réellement l’embrasser, puisque cette technique récente que l’on doit notamment au Dr Bates est une application de la médecine ayurvedique indienne.

Le mouvement des yeux a une très grande importance dans le fonctionnement du cerveau. Malheureusement nous sommes encore en neurosciences à l’ère paléolithique de la compréhension des rapports entre les mouvements des yeux et le fonctionnement de la mémoire. Nous savons que durant le sommeil paradoxal les yeux sous les paupières fermées font des allers et retours entre la gauche et la droite pendant que le subconscient traite les informations de la journée.

On connaît les effets de l’EMDR mais pas les raisons de son efficacité.

Mais la meilleure illustration des mystères de l’articulation entre les mouvements des yeux et la gestion des souvenirs est la thérapie que l’on appelle le E.M.D.R., qui consiste à évacuer un traumatisme avec l’évocation dans des conditions adéquates en présence d’un thérapeute, tout en regardant alternativement à gauche et à droite. Personne ne sait pourquoi ça marche, mais l’efficacité de la procédure n’est plus à prouver.

Il ne vous reste plus qu’à faire vous-même l’expérience des propriétés relaxantes étonnantes des mouvements des yeux, avec ce protocole très simple tiré du Yoga des Yeux : fermez les yeux, et bougez les yeux verticalement, horizontalement, en diagonale, en cercle, dans les deux sens. Le tout entre-coupé de respirations profondes.

L’effet relaxant est si puissant que personnellement je ne saurai me passer de cette technique que j’utilise sans même m’en rendre compte, tout au long de la journée. Une fois que vous aurez commencé, vous ne cesserez peut-être plus de l’employer.

De façon délibérée je n’entre pas dans les débats sur les bienfaits contestés sur la vue, il se peut que ces exercices améliorent la vue. Il n’y a pas de consensus mais ce que j’ai exposé sur la fatigue fonctionne. Si le sujet vous intéresse vous pouvez en quelques recherches internet en apprendre beaucoup. La méthode consistant à frotter ses mains et les poser devant les yeux pour les faire profiter de la chaleur et du noir (le « palming ») fonctionne également bien, à répéter plusieurs fois.

Si vous êtes en proie au mal du millénaire qu’est la fatigue chronique et s’il ne fallait retenir qu’une seule technique, ce serait celle-ci. Le Yoga des Yeux est votre meilleur ami pour évacuer rapidement et facilement une part significative de votre épuisement, comme on écoperait dans un canot. Ça ne suffirait pas forcément, mais c’est toujours mieux que de couler immédiatement.

À présent voyons la technique de la salivation.

BÊTA : LA SALIVATION

    Je vous propose une autre application du principe voulant que « si une manifestation physiologique accompagne la relaxation, provoquer cette manifestation physiologique doit contribuer à la relaxation ». La salivation accompagne souvent des moments de plaisir, et il se trouve que dans de bonnes conditions c’est un outil de relaxation.

Fermez les yeux. Relâchez votre respiration, puis respirez profondément. Maintenant que vous avez un certain degré de concentration sur votre ressenti physique, concentrez vous sur l’état de votre bouche. Sa fraîcheur, la langue positionnée de façon confortable, et sur la salivation. Sentez la salive qui coule sur vos dents, respirez doucement. Ce protocole vous étonne peut-être, mais essayez, vous serez surpris par sa grande efficacité.

Si vous êtes de la catégorie des grands anxieux et qu’il ne fallait retenir qu’une seule technique, ce serait celle-ci. Elle dispose d’un immense pouvoir apaisant immédiatement efficace.

DELTA : TRAVAILLER SUR LES ZIGOMATIQUES

     Nous sommes toujours dans la continuité du principe de provoquer consciemment des effets physiologiques pour retrouver les effets chimiques qui en sont normalement la cause. Pour résumer de façon schématique : « Si je souris quand je suis heureux, quand je souris mon cerveau se dira que je suis heureux ». Cela peut vous paraître simpliste jusqu’à en être ridicule, mais le cerveau a effectivement tendance à prendre les effets pour les conséquences.

Nick Chater

Nick Chater, professeur en sciences du comportement à l’université de Warwick, avec sa théorie de « l’esprit plat » (Délicieux titre anglais de son ouvrage : « The mind is flat », traduit en français et édité chez Plon « Et si le cerveau était bête ? », 2018) exploite ce constat. Cette théorie intéressante ne postule qu’une apparence d’intelligence du cerveau grâce à une puissance titanesque d’interprétation contextuelle. En réalité le cerveau serait remarquablement idiot mais le dissimulerait de façon souverainement habile, par un talent spectaculaire pour l’improvisation.

Pour proposer une métaphore cinématographique, le cerveau se comporterait comme Keyser Söce dans le film « Usual Suspects » (Attention, « spoiler » à venir pour ceux qui n’ont pas vu ce classique de David Fincher).

Vous avez de la chance si vous ne connaissez pas : vous allez pouvoir le voir pour la première fois.

Le personnage joué par Kevin Spacey est le narrateur qui pendant tout le film témoigne devant les policiers en mentant continûment et éhontément. Il dresse le portrait d’un commanditaire au génie criminel diabolique, aussi insaisissable qu’impitoyable, le « Kayser Söce », alors que lui ne semble qu’être une victime pathétique et vulnérable. À la fin du film, après l’avoir relâché, les enquêteurs regardent autour d’eux et se rendent compte qu’il a improvisé chaque péripétie du récit à partir de ce qu’il avait sous les yeux. Ils viennent d’être trompés par Kayser Söce en personne.

Par exemple, si vous êtes paniqué par quelque chose et que dans la foulée vous croisez quelqu’un de séduisant, votre cerveau prendra les battements emballés de votre cœur pour le signe de votre vif intérêt. La cause et l’effet se confondent et le sens logique disparaît derrière les biais cognitifs (circuits neuronaux pré-établis qu’empreinte comme raccourcis le cerveau, comme des court-circuits logiques), la pseudo-liberté dans les choix conditionnés, la faiblesse de l’attention, la reconstruction des faits artificiellement pour trouver un sens tout en étant convaincu que la reconstruction est véridique, et la création des sentiments à post iori.

Le point commun de tous ces phénomènes est que la priorité dans le cahier des charges du cerveau est de livrer une histoire qui a du sens, à partir des éléments immédiatement disponibles. La vitesse d’opération est privilégiée au détriment de la rigueur logique. La faiblesse de l’attention  en est une illustration, à moins de déployer un effort important, le cerveau se contentera de glaner des éléments saillants et de livrer un sens approximatif, plutôt que de se livrer automatiquement à un examen et une analyse approfondie.

Dans le cas des sentiments créés à post iori, la priorité au sens au détriment d’une construction rigoureuse aboutie à un processus où le cerveau se saisit de ce qui donne immédiatement un sens à ce qu’il a vécu, même si cette conclusion est inadéquate. C’est le cas où après une expérience intense qui ne laisse pas le temps de réfléchir, c’est après coup et en fonction du contexte que le sens positif ou négatif sera donné, indépendamment de son caractère intrinsèque. C’est parfois le cas dans les premiers temps d’un entraînement physique intensif ou d’une expérience sexuelle.

Un autre cas topique est la reconstitution de souvenirs, en l’absence de souvenirs clairs, il y a de fortes chances que le cerveau bouche les trous en puisant dans les éléments présents. Il tiendra néanmoins pour véridique cette fausse construction à post iori.  Ce phénomène est tristement célèbre pour des témoignages sincères mais faux en matière criminelle. Une illustration encore plus dramatique est la faillite professionnelle d’experts judiciaires en pédopsychiatrie qui ont construit la mémoire des enfants par des questions maladroites, en ruinant les vies de gens innocents accusés de pédophilie.

Le cerveau serait un peu comme un docteur extrêmement têtu et brillant qui ne prend pas le temps de réfléchir pendant la consultation. Avec des données fragmentaires il improvise un diagnostic et même s’il se fourvoie totalement, il ne changera pas d’avis. 

La théorie du « Flat Mind » de Nick Chater, jette à bas les théories précédentes. Ce genre de théorie  peut avoir tendance à être trop radicale et extrême (ce qui est un biais cognitif bien connu, une fois la mécanique de la contestation entamée, elle a tendance à ne plus savoir quand s’arrêter). Conclure à une absence de travail de fond, d’analyse et de ressenti étayés à cause des phénomènes avérés d’extrapolations approximatives, le professeur Chater va peut-être un peu trop loin. Si le cerveau laissé en roue libre fera souvent des bêtises, il n’est pas bête, car s’il y a de la concentration et de la méthode, il livrera au contraire un travail de grande qualité.

Cette théorie est stimulante intellectuellement, si le sujet vous intéresse vous trouverez aisément matière à le creuser mais conservons présentement une unique application pratique. Nous disposons du pouvoir d’influencer notre cerveau délibérément, au lieu de nous laisser berner sans en avoir conscience, et il serait fort dommage de ne pas en profiter.

Donc, dans cette technique, souriez et tout en faisant attention à votre sourire, commencez à prêter attention à votre respiration. En coordonnant votre attention à votre expression et à votre respiration, vous allez découvrir toutes sortes d’effets positifs. Le premier d’entre eux est que vous allez réaliser que vous exercez ainsi un certain contrôle sur votre humeur immédiate, certes relatif et fugitif mais tout-de-même tangible.

Le deuxième est qu’il n’est pas aussi évident qu’on pourrait le présumer d’exercer un contrôle conscient sur son expression. Au fil de votre respiration vous verrez que votre sourire change, jusqu’à finir par trouver une expression « naturelle ». 

Un autre effet est qu’entre autres vertus, cette exercice conditionne tout un équilibre dans la sphère encéphale, sur votre regard, votre salivation, etc… exactement comme la Colonne d’air joue sur la posture globale.

Si votre activité quotidienne requiert un bon contact avec votre entourage, si vous avez besoin d’entrain et de préserver une humeur altière, cette technique est la plus appropriée. Elle joue autant un rôle d’auto-diagnostic de votre état émotionnel qu’elle constitue un moyen de régulation.

Examinons à présent les techniques qui se focalisent exclusivement sur la respiration.

b. LE FOCUS UNIQUEMENT SUR LA RESPIRATION 

      Dans cette catégorie nous verrons des techniques qui sont efficaces pour se relaxer rapidement et facilement. Je n’ai jamais fait de recherches en ce sens, elles sont le fruit d’une pratique empirique ou de connaissances glanées complètement par hasard (une spécialité personnelle). Si vous cherchez spécialement à étoffer ce type de techniques, vous en trouverez sûrement énormément, venant de beaucoup de disciplines. Mais commencez déjà par vous familiariser avec la « respiration carrée » (Alpha), la « colonne d’air » (Bêta), la respiration connectée (Delta) et la respiration ralentie (Gamma).

ALPHA : LA RESPIRATION CARRÉE 

     La genèse de la respiration carrée est au carrefour de la machine à popcorn créative qui tenait lieu de cerveau à Sir Winston Spenser Churchill (Roosevelt disait que Churchill avait 100 idées par jour dont seulement 2 étaient géniales, mais qu’il était impossible de les différencier des 98 autres) et d’une tradition martiale et têtue.

Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Churchill a pratiquement inventé le monde moderne à lui tout seul en même temps qu’il le sauvait. On peut citer en vrac les blindés, l’hydravion, la manipulation secrète de guerre moderne, les plateformes flottantes qui ont servis au débarquement, etc, etc, etc, et… les commandos.

Chef et sauveur du Monde Libre, Prix Nobel de littérature, journaliste, peintre, historien, militaire, inventeur, meilleur orateur moderne… Sir Winston Spenser Churchill.

Churchill a fait réunir des mafieux, des cambrioleurs britanniques, des Tongs chinois (les criminels, pas les claquettes), divers spécialistes militaires et en réunissant tous ces savoir-faire a mis en place un protocole de formation pour qu’un petit groupe d’hommes en infiltration fassent autant de dégâts qu’une armée entière.

D’un autre côté, il y a une vieille tradition militaire qui doit-être aussi vieille que la forge, c’est de retenir des techniques simples et efficaces pour remplir des besoins indispensables.

La réunion des deux éléments précités se sont percutés quand les officiers formateurs des élites militaires se sont demandés comment inculquer à leurs recrues les vertus du contrôle de soi-même sans les envoyer 6 mois en stage au Bhutan.  Tout militaire du grand bassin culturel asiatique hérite automatiquement d’au moins trois millénaires de traditions martiales liées aux techniques de respiration, alors que la technique de respiration la plus sophistiquée des militaires européens consiste à se boucher le nez avant de se pencher en arrière et boire « cul-sec ! ». 

Quelqu’un a eu l’idée géniale de ne retenir qu’un protocole aujourd’hui connu comme « la respiration carrée ». La pratique s’est répandue, et je ne sais même pas  s’il y a une seule personne qui sait exactement comment s’est développé cet usage. Les historiens des arts martiaux et les historiens militaires n’ont pas encore organisés de colloques mixtes à ce sujet.

Donc, vous l’aurez compris, cette technique est aussi simple qu’efficace. Elle consiste à prendre quatre secondes pour inspirer, quatre secondes pour la retenir et quatre seconde pour expirer. Si vous ne devez retenir qu’une technique pour en suggérer la pratique à un sceptique absolu, utilisez celle-là.

Voyons la colonne d’air.

BÊTA : LA COLONNE D’AIR

     La colonne d’air est un parfait exemple, pour ce qui me concerne, de l’asymétrie parfois cruelle entre les efforts personnels et leur reconnaissance publique. Comme je vous l’ai déjà indiqué j’ai entamé après la lecture du Guerrier Pacifique de Dan Millman en 2007 ma quête personnelle de techniques de respiration. À force d’expérimentations j’ai « découvert » un protocole dont j’étais immensément fier, jusqu’à ce que je l’expose à une amie qui m’a platement répondu : « Ha oui, ça s’appelle la « colonne d’air ». Ça s’apprend dès le premier cours de Yoga ».

Dan Millman

J’arrivais seulement avec trois ou quatre petits millénaires de retard.

Donc, voici la « colonne d’air ».

Prenez une grande inspiration et bloquez-la, c’est-à-dire gardez-la sans expirer. Expirez doucement sans dissiper la tension née de cette inspiration. Imaginez qu’une ligne de force court du bas de votre abdomen jusqu’à votre gorge. Comme si vous rentriez le ventre, mais avec une tension qui monte plus haut. Gardez cette tension, et respirez par dessus.

Cette technique est extrêmement intéressante, pour de nombreuses raisons.

Vous aurez déjà compris le principe que plus une technique de respiration mobilise votre attention et vous plonge dans le ressenti physique, plus elle est efficace pour vous sortir de vos préoccupations conscientes. Comme si le conscient et l’inconscient étaient deux vases communicants et qu’on ne pouvait pas remplir simultanément les deux. La concentration de l’un s’opère nécessairement au détriment de l’autre.

Quand vous recourrez à la Colonne d’air, instantanément vous vous imposez une grande contrainte physique, ce qui a pour mérite de vider immédiatement votre esprit conscient de ses préoccupations superficielles. Il s’agit déjà d’un bénéfice non-négligeable. Et cette ligne de tension devient rapidement comme un générateur d’énergie. 

La Colonne d’air est comme un « Maître Intérieur » qui va vous apprendre à trouver d’excellents équilibres physiologiques. Si vous prenez des cours de danse la première leçon qu’on devrait normalement vous donner est que le corps est une ligne, et qu’avant de trouver le bon geste ou le bon rythme, il faut être en harmonie avec son propre corps. Vous imaginez mal un danseur professionnel être plié en deux, à moins que cela soit un parti-pris chorégraphique. La première chose à faire est de vous redressez.

Nous avons tous une « pose naturelle », que nous prenons sans même nous en rendre compte. Elle ne consiste pas forcément à se tenir droit. Mettez-vous devant une glace et redressez-vous. Si vous vous trouvez ridicule, à cause votre physique pas assez musclée ou trop épaisse, fermez les yeux. Appelez la Colonne d’air. Faites-la remontez jusqu’au niveau de votre nuque et trouvez comment elle influe sur les épaules, le ventre, l’expression du visage, le bout des doigts.

Avec un peu de pratique, vous serez capable de trouver votre équilibre parfait, qui vous donne l’allant naturel sans vous donner l’impression de vous positionner artificiellement et qui optimise votre respiration. Entre autres vertus cet exercice peut-être employé n’importe quand, il est invisible, il vous permet de vous recentrez immédiatement, et vous donne beaucoup d’énergie.

Au début, vous aurez beaucoup de mal à le tenir au-delà de quelques secondes. Mais ne vous découragez pas, invoquez-le le plus souvent possible et vous verrez que les secondes passeront aux minutes. Bientôt vous pourrez le tenir une journée entière. Cela améliore l’endurance physique et mental, par exemple sans entraînement vous pouvez courir sans vous essouffler, plus longtemps. Sans entraînement à la méditation, vous bénéficiez d’un état apaisé plus résilient aux chocs ou à la fatigue.

Si vous devez retenir une seule technique pour tout au quotidien, ce serait celle-là. Polyvalente et immédiatement efficace. Son seul défaut est que vous ne devez pas vous décourager de prime abord devant sa difficulté.

Enchaînons avec une technique au contraire à la portée de tout le monde, puisqu’on la pratique naturellement, la respiration connectée.

DELTA : LA RESPIRATION CONNECTÉE 

     La plupart des techniques que je présente ici sont contre-intuitives, on ne les pratique pas naturellement et il faut un effort conscient plus ou moins important pour les maîtriser. La respiration connectée est déjà maîtrisée inconsciemment par tout le monde. Elle est pratiquée par exemple dans la tradition hawaïenne où les familles la pratique ensemble pour se ressourcer, et se connecter à leurs ancêtres. Elle est notamment pratiquée par les Yogis Indiens. 

Elle consiste à respirer sans pause entre l’expire et l’inspire. Vous noterez qu’en l’absence de pause pour garder l’air, cette technique est plus appropriée pour l’accélération de la respiration que son ralentissement. Il s’agit d’un réflexe naturel que chacun d’entre nous peut prendre au quotidien, sans même s’en rendre compte. Je vais vous donner deux indications sur son usage, ainsi que prodiguer un avertissement.

Le premier usage est de légèrement accélérer le rythme naturel afin de stimuler le ressourcement physiquement et l’évacuation des émotions négatives. En contrepartie de sa facilité par rapport aux autres techniques, elle n’est pas efficace instantanément. Il faut la pratiquer au moins 30 secondes pour commencer à en ressentir les effets. 

Le second usage que je vous propose est un  mode en staccato rapide, comme celui de la récupération après un effort physique. La sensation est tout-à-fait différente, avec des finalités identiques. Dans tous les cas elle permet une régénération physique et mentale notable. Cette respiration est considérée comme notre « respiration naturelle » car il s’agit de celle avec laquelle nous naissons, la respiration du sommeil et celle qui revient naturellement  pour récupérer.

Toutefois il me faut vous avertir sur les dangers de la suroxygénation. Dans un cadre maîtrisé, la chimie du cerveau déploie des effets similaires à la prise de substances psychotropes et on peut effectuer des « voyages intérieurs », comme dans l’exemple des pratiques hawaïennes. Toutefois, sans encadrement approprié ou expérience suffisante, je vous déconseille vivement de vous mettre dans cet état. Dans la pire des situations, si vous avez des pathologies fragilisant vos capacités respiratoires ou cardiaques, un tel emballement peut meme être médicalement dangereux. Sans en arriver là ou à la surventillation, la régression mémorielle ou la fugue subconsciente ne sont pas des pratiques anodines, elles peuvent constituer des expériences intenses émotionnellement, potentiellement traumatisantes.

Il ne faut pas pour autant vous alarmer, d’ici à ce que vous accédiez à ce degré de pratique en partant de zéro, il y a une marge plus que substantielle. L’objet de cette remarque est simplement de rappeler que la philosophie des techniques présentées est de favoriser l’activité quotidienne. L’objectif n’est pas de vous orienter vers les projections intérieures inhérentes aux techniques avancées de respiration.

Si vous voulez employer une technique qui ne requiert aucun effort, si ce n’est un soupçon d’assiduité, c’est la respiration connecté qu’il vous faut retenir. 

Voyons à présent la respiration ralentie.

GAMMA : LA RESPIRATION RALENTIE 

     Ne poussez pas de soupir en arrivant à cette dernière technique en la voyant comme une technique simple, voire simpliste, car elle est au contraire une technique extrêmement sophistiquée. Elle est plus complexe que la Colonne d’air et requiert autant d’implication que la méditation elle-même.

En Occident comme jeu simple on a Les Dames. Les Japonais ont le Go…

Elle est tirée des arts martiaux et figure parmi les techniques les plus avancées, celles qui font la différence entre Bruce Lee et Max Boubli. Comme le jeu de Go, le principe est simple mais extrêmement complexe à mettre en œuvre. Effectivement, elle consiste simplement à s’entraîner à ralentir au maximum sa respiration.

Mais sous cette apparente simplicité se cache un principe redoutable. La concentration requise est terrifiante, en réalité je pense qu’elle est inaccessible sans déjà un bon niveau d’activité physique intense ou de méditation (mais je peux me tromper, cette réflexion étant purement théorique).

Cette technique est parfaite pour faire la transition entre les techniques statiques et dynamiques, puisqu’elle annule la distinction entre les deux. Elle est les deux à la fois, vous pouvez la pratiquer discrètement et aisément mais elle s’applique naturellement au quotidien.

Et c’est là où les choses se corsent. À la base cette technique est un corollaire des arts martiaux primaires, ceux qui sont tellement anciens qu’on en a perdu jusqu’aux noms des disciplines d’origines. La trace la plus pure qui en reste se situe dans le Taï-Chi, même si le Taï-Chi est lui-même l’application de techniques bien plus anciennes et vastes. Le Taï-Chi est devenu le roi des « arts martiaux internes », c’est-à-dire ceux qui visent plus à s’éduquer soi-même qu’à vaincre autrui. L’art martial à mi-chemin entre ces deux mondes est l’Aïkido. À la base le Taï-Chi « primitif » n’était pas un art martial interne, mais un art martial tout court. Si la pratique des mouvements très ralentis est correctement exercée, avec le bon souffle et la bonne concentration, il en résulte une vitesse d’exécution presque surnaturelle.

Morihei Ueshiba O Sensei (1883-1969), le Fondateur de l’élégant, épuré, efficace et gracieux Aïkido.

Vous pourrez vous-même constater qu’en essayant d’appliquer la respiration ralentie à votre quotidien, vous allez avoir des surprises. Toute action va prendre une dimension étrange, comme en réalité augmentée. Vous avez l’impression que le temps se dilate, que vous prenez automatiquement plus de temps pour réfléchir ou pour bouger. Vous savez que vous êtes devenu un maître en cette matière quand vous respirez si doucement que votre souffle ne dérangerait pas une plume et que votre cycle « inspiration, retenue et expiration » se compte en minutes.

Les champions de cette discipline sont les apnéïstes. N’importe quel plongeur sans oxygène est un maître consommé de la respiration lente, avec de multiples bienfaits dans la vie de tous les jours. D’ailleurs certains se fendent de coaching pour enseigner les puissantes facultés de relaxation de la respiration.

Vous aurez compris que de toutes les techniques que j’expose ici, c’est celle que je maîtrise le plus mal. Parce qu’elle est extrêmement exigeante, exactement comme la méditation, qui à un niveau assez avancé accélère la récupération physique, donne un accès conscient au subconscient digne de l’hypnose et clarifie l’esprit à un niveau difficilement exprimable. Pour pratiquer à un tel niveau la respiration ralentie, il faut un degré de volonté et de concentration que je n’ai encore jamais réussi à réunir.

Si vous êtes avez une mentalité de compétiteur et que la performance physique est une seconde nature pour vous, si la discipline et l’assiduité dans l’effort vous sont naturels, s’il ne fallait retenir qu’une technique, c’est la respiration ralentie. Ce n’est pas la voie que je recommanderai à un novice, mais si on s’y investi, c’est peut-être celle qui apporte le plus de bienfaits. Un maître de la respiration lente est probablement quelqu’un qui applique en permanence les bienfaits de la méditation.

Et elle permet une transition parfaite avec les techniques dynamiques.

C. LES TECHNIQUES DYNAMIQUES 

    Je me permets un petit retour en arrière dans la présentation de la distinction entre techniques statistiques et dynamiques, j’avais utilisé la légende de la fondation du Temple de Shaolin. Cette histoire illustre le fait que toutes les techniques de contrôle de la respiration, qu’elles relèvent du sport ou de la méditation en étant assis, sont les faces d’une même pièce. Dans tous les cas, on vide l’esprit conscient de ses pensées dérisoires et négatives au profit d’un ressenti instinctif supérieur.

Et les bienfaits chimiques des neurotransmetteurs concernés sont les mêmes. La dopamine est aussi jouissive dans la plus plaisante des activités sportives qu’est l’amour qu’après une séance de running.

Il en résulte que dans une présentation de techniques de respiration, il y en a nécessairement certaines qui sont proches du sport, sans toutefois en faire parti. Il s’agit de toutes les techniques qui ne se pratiquent pas immobiles, sans toutefois requérir un niveau d’énergie qu’on pourrait décemment appelé du « sport ». Sir Winston Churchill avait répondu à un journaliste qui lui demandait le secret de sa forme : « Pas de sport. Juste le Parlement. ».

Il est donc l’heure de quitter son canapé pour aller pratiquer la marche consciente (1) et le geste maîtrisé (2).

1. LA MARCHE CONSCIENTE

      La méditation est un voyage intérieur et l’ultime maîtrise de la méditation est de prolonger ce voyage intérieur dans la vie de tous les jours. Cela signifie prêter la même attention renforcée à ce qui passe à l’extérieur de soi-même que l’attention méditative portée à l’intérieur de soi-même.

Des exemples de cette pratique sont multiples dans le temps et l’espace. Les pratiques martiales inspirées par le bouddhisme zen japonais comportent un entraînement intense à renforcer la perception consciente et inconsciente de l’environnement.

Par exemple dans le folklore japonais, un samouraï incapable de se rendre compte avant de franchir une porte qu’on lui tend une embuscade derrière est considéré comme un incapable. Plus proche de nous, les meilleurs services de renseignement occidentaux forment leurs agents de terrain à enregistrer une énorme quantité de données sur ce qui les entoure, à chaque instant. 

Une application de ce principe applicable par chacun est la  « marche consciente ». Elle consiste à complètement relâcher tout effort, mis-à-part la concentration sur la respiration et sur un maximum d’informations sur votre environnement. Que ce soit par les sens ou  par ce que vous évoque ce que vous percevez, vous y consacrez l’intégralité de votre attention. Votre respiration se doit d’être la plus naturelle possible en s’adaptant à votre pas.

Cette pratique a de nombreux intérêts. De manière atténuée, vous pouvez lui consacrer beaucoup de temps chaque jour. L’effet cumulé de la respiration consciente et de l’effort physique en extérieur est extrêmement salvateur pour l’esprit. L’attention maximale portée à ce qui vous entoure a de grandes vertus pour évacuer les pensées et les émotions négatives, car elles sont littéralement remplacées par ce que vous « absorbez » de cet environnement.

Les seules faiblesses de cette technique est qu’elle suppose un environnement un minimum positif et certains cadres notamment urbains sont si moches et désagréables que les efforts risquent d’être contre-productifs. Néanmoins, pour un esprit expérimenté et entraîné, à moins de se retrouver en zone de guerre, il y a toujours moyen de trouver de la beauté et de l’apaisement où que l’on se trouve.

Si vous habitez dans un cadre enchanteur, si vous aimez longuement marcher et s’il ne fallait retenir qu’une technique, ce serait la marche consciente. Elle est très équilibrante et à elle seule, elle compte de multiples vertus.

Somme toute cette technique est immédiatement accessible et efficace pour chacun, ce qui est l’inverse du geste maîtrisé.

CONCLUSION D’ÉTAPE

     Nous allons devoir temporairement nous quitter, en raison du format des articles. Il nous reste le « Geste Maîtrisé » avant d’attaquer les techniques avancées du Spot Cognitif.

Le fil rouge de tous ces articles est l’exploitation consciente de l’articulation entre respiration, émotion et concentration sur l’environnement. Comme toutes les techniques de ma méthode O.D.S., il s’agit d’offrir des outils faciles à utiliser et efficaces pour exploiter le mieux possible vos facultés intellectuelles. Le monde moderne est fâché avec les émotions, comme si se déconnecter avec les émotions était gage de maturité, sérieux et compétence. Pendant ce temps, les consommations d’anxiolytiques, de somnifères et d’antidépresseurs ou d’antidouleurs explosent avec des problématiques de dépendance, de dépression, de burn out, nos propres enfants sont de plus en plus sous médicaments, de plus en plus tôt pour ces raisons.

L’industrie pharmaceutique vous veut du bien.

L’éducation et le niveau de formation de la jeunesse comme des classes professionnelles n’ont jamais été aussi bat qu’aujourd’hui et le tissu social français n’a jamais été aussi déchiré (et directement lié au problème de l’éducation et la réussite professionnelle). L’émotion est au centre de toutes les problématiques humaines parce qu’elle est au centre du fonctionnement du cerveau, et plus particulièrement des compétences intellectuelles. Plus les tâches intellectuelles sont  de hauts niveaux, faisant appel aux sphères de la compréhension, la synthèse et la mémorisation ou la créativité, plus les émotions sont importantes.

Plus encore, les prestations intellectuelles véhiculent un stress propre, distinct de celui des activités manuelles, et si ce stress s’accumule il devient beaucoup plus rapidement impossible de travailler. Il faudra à l’avenir remettre les émotions et leur gestion au centre des activités intellectuelles avec des propositions adéquates, car le monde d’aujourd’hui et de demain est celui de la plus-value intellectuelle. L’automatisation, la robotisation, l’industrialisation des activités manuelles comme des tâches intellectuelles va se démultiplier avec le progrès informatique. Les tâches intellectuelles répétitives, simples, purement descriptives sont appelées à progressivement disparaître, avalées par des appareils de la taille d’un téléphone plus intelligents qu’un humain non-éduqués.

Ce sont les structures cognitives supérieures que les ordinateurs ne peuvent pas imiter qui constituent l’avenir professionnel. La compréhension des savoirs complexes et leur mémorisations, l’analyse, suivies de l’exploitation des facultés biologiques que l’intelligence non-organique ne sait pas imiter. Et le coefficient émotionnel est au centre de toutes ces facultés.

Je vous remercie pour votre lecture et votre attention.

Comme le disaient Horace et Emmanuel Kant, « Sapere Aude ! », « Osez savoir ! ».

Eliya WAICHE

 

SOMMAIRE 

Ce sommaire est humblement dédié à Corax de Syracuse, Sophiste du VIe siècle, père fondateur de la rhétorique et inventeur du sommaire. 
 

Partie I : La définition du Spot Cognitif 

A. Le Spot Cognitif dans le cadre de l’O.D.S.

1. L’essentiel de l’O.D.S.

a. Les ressources intellectuelles incomparables du subconscient 

Alpha : Le Satori, ou  spontané et occasionnel 

Bêta : Les 5 manières exceptionnelles 

Delta : Les 2 conditions du déverrouillage du subconscient 

Delta 1 : La connexion entre les données 

Delta 2 : La Compréhension et la Passion

b. L’optimisation du Moteur Mnémonique de Simonide

Alpha : Les 3 éléments du Moteur Mnémonique

Bêta : Les Palais Mémoriels de Données Simples

Delta : Le Switch des données complexes en données simples 

Delta 1 : Le Switch interne

Delta 2 : Le Switch externe

Gamma : Les Palais Mémoriels de Données Complexes

2. L’idée du Spot Cognitif 

B. Une outil pédagogique et technique 

1. Le cerveau enregistre les émotions au même titre que les autres données

a. Les éléments constitutifs du neurone 

b. La circulation des neurotransmetteurs 

c. Les types de neurotransmetteurs 

d. Les 3 façons du neurone de renforcer la mémoire 

Alpha : La myélinisation des gaines 

Bêta : L’arborisation dendritique

Delta : Le cycle de circulation du neurotransmetteur 

2. L’influence permanente de l’émotion dans l’activité intellectuelle 

3. Le Spot Cognitif permet d’organiser l’articulation entre émotion et donnée matérielle 

a. Le sens derrière la désignation du Spot Cognitif 

Alpha : La description de la notion

Bêta : L’analyse de la notion de « lieu »

b. La mise en œuvre du Spot Cognitif 

Alpha : La construction du Spot Cognitif 

Bêta : Le rituel 

Bêta 1 : La mise en perspective globale 

Bêta 2 : La concentration 

Bêta 3 : La cure

Partie II : Les techniques de respiration 

A. La notion de méditation active et passive 

B. Les techniques de respiration statiques

1. Un protocole de méditation 

a. Un petit mot d’histoire

Alpha : Le rôle du Judaïsme dans l'absence de la méditation en Occident

Bêta : La ruée vers l'or spirituelle en Extrême-Orient

Delta : La luxuriante jungle du développement personnel

b. Une proposition à titre indicative 

Alpha : Une proposition subjective et empirique

Bêta : Le Bouddhisme Zen Japonais et le Judaïsme

Delta : Les quatre grandes étapes

Delta 1 : La transition

Delta 2 : La contemplation

Delta 3 : L’épuration

Delta 4 : La programmation

Delta 4.1 : Les mécanismes du Spot Cognitif

Delta 4.2 :  La construction de structures cognitives saines

2. Les techniques moins contraignantes 

a. Le focus sur la sphère ancéphale

Alpha : Le yoga des yeux

Bêta : La salivation 

Delta : Le travail sur les zygomatiques

b. Le focus uniquement sur la respiration

Alpha : La respiration carrée 

Bêta : La colonne d’air

Delta : La respiration ralentie

C. Les techniques de respiration dynamiques

1. La marche consciente 

2. Le geste maîtrisé

Partie III : Les usages avancés du Spot Cognitif 

A. Le model générique de construction du Spot Cognitif avancé

B. Le niveau d’énergie supérieur 

C. La régénération

D. La surmobilisation 

E. L’effort simplifié 

F. La concentration 

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