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Eliya Waiche

Méthodologie de travail O.D.S., Droit & Philosophie

Conseils pratiques d’éloquence (Partie II)

Conseils pratiques d’éloquence

Partie II

 

Le Haut Patron de ce traité d’éloquence : Sir Winston Spenser Churchill.

Bonjour à tous, et bienvenue.

    Je suis très heureux de vous présenter le deuxième article de ces conseils pratiques d’éloquence.

Nous avons eu le plaisir d’examiner dans la  première partie les origines de l’éloquence en étudiant notamment la Rhétorique Sophiste, le cœur technique de l’article ayant été les 5 parties du discours, invention de Corax : l’Exorde (simple, insinuant, ex abrupto et majestueux), la Narration (faits), la Division (ordre des arguments), la Réfutation (Contrecarrer les arguments adverses) et Péroraison (ou Conclusion).

Protagoras (490-420 Avant) « L’Homme mesure de toute chose ».

Nous avons également eu l’occasion de nous pencher sur les questions éthiques que pose l’art de l’éloquence, questions examinées dans le triptyque d’articles sur l’Éthique Rhétorique. L’idée défendue est que la tromperie est un aveu de faiblesse intellectuelle, faute de discipline logique. Ces articles traitent des stratagèmes rhétoriques loyaux et déloyaux intellectuellement.

Les 3 articles sur l’Éthique Rhétorique sont une fiche de lecture analytique de cet ouvrage.

Nous allons reprendre sur Protagoras (e), personnage déterminant du Sophisme. En effet, le Sophisme va grandement influencer Platon dans le rejet de la Rhétorique et la promotion de la Dialectique philosophique (4), qu’Aristote va porter à son acmé.

Fresque de Raphaël : Platon et Aristote, continuateurs de Socrate. La trinité majeure de la philosophie.

Nous clôturerons la partie historique en nous penchant sur les autres sources, notamment  romaines. Ces sources sont essentiellement Cicéron, Quintilien et un traité malheureusement anonyme nommé Rhétorique à Herennius (B).

Quintilien, Rhéteur et pédagogue romain du 1er Siècle (Après).

Nous effectuerons un point sur ce qu’il y a à retenir des concepts classiques de l’éloquence (C).

Nous enchaînerons avec les conseils pratiques,  comment déverrouiller sa parole (Partie I) académiques (Partie II) professionnels (Partie III) et sur l’improvisation rapide d’exposé (Partie IV).

Comme toujours je suis joignable sur Messenger, WhatsApp, LinkedIn et Instagram à mon nom « Eliya Waiche ». Bonne lecture !

Vous trouverez en annexes une table des matières (Annexe 1) ainsi qu’un Lexique (Annexe 2) avec tous les termes techniques soulignés et en gras. 

e. Protagoras 

   Protagoras (490-420 Avant Jésus-Christ) est un personnage essentiel de la pensée grecque antique. Les témoignages le concernant sont nombreux et contradictoires, de telle sorte qu’il est entouré de mystères et fait l’objet de beaucoup de débats.

Protagoras, que l’on pense venir d’Abdère, comme la plupart des Sophistes n’est pas un philosophe. La philosophie consiste à créer un système d’analyse global et cohérent, tandis que Protagoras est un technicien spécialisé dans le langage, à l’origine de concepts brillants et essentiels.

Pour de plus amples développements sur la notion, l’origine et de la construction de la pensée philosophique, l’on se réfèrera avec profit à L’article sur les 7 Sages.

Au IVe Siècle Avant, les 7 meilleurs esprits grecs de leur temps.

Le berceau de la civilisation occidentale moderne est le monde grecque antique et ses colonies.

Les colonies grecques de l’Ionie à l’est (ancienne Anatolie) à la Gaulle à l’ouest, à la mer noire au nord jusqu’à la Syrie au sud.

Protagoras est le plus grand des Sophistes, peut-être le fondateur. Malheureusement toute sa vaste  œuvre est perdue, Diogène de Laërce (présenté dans l’article sur les 7 Sages) ne nous a transmis qu’une liste non-exhaustive de 12 titres : L’Art Éristique, Sur la lutte, Sur les sciences, Sur la constitution politique, Sur l’ambition, Sur les vertus, Sur l’état primitif de l’homme, Sur ce qui se passe sur Adès, Sur les méfaits de l’homme, Discours impératif, Action judiciaire à propos de son salaire, Antilogies, livres I et II. Cette perte irréparable est un exemple des mutilations inimaginables qu’a subis l’humanité avec l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie au Ier Siècle.

La pire catastrophe culturelle de l’histoire : la mutilation irrémédiable d’un pan de l’héritage occidental.

Sa notoriété provient essentiellement des très nombreux dialogues de Platon où il apparaît. Bien-sûr celui qui porte son nom Protagoras, mais aussi le Sophiste, le Théétète, le Ménon, le Cratyle, l’Euthydème, l’Hippias majeur ou le Phèdre.

Le traité Protagoras de Platon.

De la jeunesse et des origines de Protagoras, nous avons beaucoup d’hypothèses et aucune certitude. Certains le prétendent fils d’une richissime famille de Thrace, d’autres qu’il aurait profité des enseignements de mages perses, qu’il serait né dans la misère mais qu’il aurait été remarqué par Démocrite, ou qu’au contraire Démocrite aurait été son disciple. 

Démocrite d’Abdère (470-360) Inventeur du concept d’atome, qui a grandement contribué à émanciper la philosophie de la religion.

Pendant cette phase entre le VIe Siècle et le Ve nommé le Siècle de Périclès, la philosophie se structure dans ce que l’on appelle la « philosophie pré-socratique ». Protagoras est représentatif de cette évolution, il pose des jalons essentiels de la laïcité, de la logique et de la critique morale. Cet élan parviendra à son apogée avec Socrate.

Socrate fera culminer la critique logique et morale jusqu’aux hauteurs vertigineuses du firmament. Telle l’Étoile de l’Ouest, ce grand phare brille, guide et protège jusqu’à aujourd’hui la civilisation occidentale.

Socrate sur le point de boire la cigüe (469, 399) Le plus important penseur de l’histoire de l’humanité.

Protagoras est un Rhéteur, un des plus grands, sa notoriété est universelle en Grèce. À l’instar de Simonide de Céos, il révolutionne son métier en inventant la rémunération. L’usage était la structure du mécénat, Simonide en tant que poète lyrique et Protagoras en tant que professeur de Rhétorique imposèrent d’être rémunérés à la tâche. Protagoras exigeait de très fortes sommes, ce qui contribua à la réputation d’avarice des Sophistes.

Simonide en tant que fondateur de la Mnémotechnique est l’inspirateur de ma méthode d’optimisation du travail intellectuelle O.D.S, qui est présentée ici. Ma méthode basée sur les neurosciences multiplie l’efficacité de l’assimilation et la mémorisation de données complexes (comme du droit ou de la médecine) et n’a aucun équivalent sur le marché des méthodes pour « apprendre à apprendre ».

Simonide de Céos (556-467) : Père de la Mnémotechnique avec son Art de la Mémoire.

Protagoras apportera aux 3 enseignements du Sophisme (La lecture de discours en public, l’improvisation, le commentaire de poèmes) un quatrième, l’Éristique qui est étudiée ici, premier article d’un triptyque. L’étymologie de Éristique est « Éris », Déesse de Éris, « Techne » de « art, procédé ». Art de la dispute et du débat, qui devint l’âme et l’objet principal de l’enseignement Sophiste.

Baruch Spinoza (1632-1677) : Promoteur du monothéisme ou de l’athéisme ?

Baruch Spinoza rappellera Protagoras dans la controverse à l’origine d’océans d’encre sur l’interprétation d’une phrase. Probablement dans son livre Sur les Dieux il y a cette citation : « Des Dieux, je ne sais ni s’ils sont ni s’il ne sont pas ». Pour Spinoza « Deus sive Natura ». Spinoza s’interroge sur le fait de savoir si Dieu est la Nature ou l’inverse. Dans le premier cas Spinoza s’inscrit dans un monothéisme non-anthropomorphique de tradition juive, dans le second cas sa doctrine est athée.

« Dieu le Père bénissant les Anges » de Raphaël. L’anthropomorphisme chrétien de Dieu est aux antipodes du monothéisme hébreu. Par essence cette « humanisation » de Dieu est de l’idolâtrie aux yeux du judaïsme.

Pour Protagoras à une époque où l’emprise de la religion est hégémonique et que le simple fait de vouloir s’émanciper intellectuellement des conceptions religieuses est dangereux, cette déclaration est explosive. Son scepticisme peut aussi bien s’interpréter comme un athéisme poussé aussi loin qu’il était concevable à l’époque que comme un simple doute.

Thomas Hobbes (1588-1679) : Auteur du Léviathan. Selon Hobbes l’état naturel de l’homme est la guerre, la notion de « Bien » recouvrant uniquement leurs besoins et désirs.

Mais la citation de Protagoras qui jusqu’à aujourd’hui engendre des débats est « L’homme mesure de toutes choses ». Dans son interprétation la plus radicale elle fait le lit du relativisme le plus forcené. Les notions de bien, de mal, de justice et de vérité s’effacent devant l’opinion de chaque homme à l’aune de ses intérêts et besoin. La logique disparaît dans une fluctuation des opinions qui interdit tout progrès intellectuel.

Cette conception férocement individualiste n’admet plus de contrainte intérieure ou extérieure.  Le personnage de Calliclès de Platon dans Gorgias représente ce redoutable individu, éduqué, intelligent, brillant et dépourvu de moralité. Aux yeux de Platon il constitue ce que lui-même serait devenu s’il n’avait pas rencontré Socrate.

Max Weber (1864-1920) Sociologue et économiste allemand.

L’autre interprétation est que le monde doit-être construit pour le bien de l’homme. Cette interprétation correspond aux enseignements de Protagoras, à l’origine d’idées élevées comme le concept de la distinction entre vengeance et justice. La démocratie moderne se fonde sur cette distinction, l’État s’interpose entre la victime qui est dans une demande de vengeance sans limite et l’auteur. L’Etat s’octroie le « Gewaltmonopol », le « monopole de la violence » légitime de Max Weber et l’État va octroyer une peine dans une logique de rétribution, dissuasion et de réinsertion. Sans cette notion de distinction entre vengeance et justice, il est impossible d’appliquer les droits de l’homme à la justice pénale.

La volonté de punir (2005), de Denis Salas. La thèse est un retour à la justice primitive où l’Etat ne s’interpose plus entre la vengeance et une peine rationnelle. Les juges succombent au tribunal médiatique, dans une tyrannie de l’émotion.

Protagoras a toujours fait la promotion des valeurs morales et civiques, de la vertu et l’élévation des jeunes gens qui le suivent. Cela ne correspond pas à l’absence de scrupule d’utiliser tous les moyens de faire triompher sa cause, comme Platon le reproche aux Sophistes.

Politiquement Protagoras était un grand ami de la démocratie, d’Athènes et de Périclès lui-même. Sa fin prête à discussion comme ses origines, il aurait fait l’objet d’un procès à Athènes pour impiété ou peut-être à des fins politiques, à cause de son amitié pour Périclès. Peut-être est-il mort en mer.

Périclès : « Il n’y a pas de liberté sans courage ! ». L’ami de Périclès ne peut pas être un relativiste moral.

Toujours est-il que Protagoras est hautement respectable tant pour ses talents, ses inventions, sa vertu que l’héritage qu’il a laissé. Protagoras était un expert de l’antilogie, la mise en évidence dans tous débats de deux théories opposées à étudier, de l’orthopia ou science de l’usage exact des mots qui est très importante en éloquence.

Malheureusement Protagoras ne constitue qu’une figure du mouvement Sophiste et ses dérives débordent largement les valeurs du meilleur d’entre eux. Leurs dérives créent une violente opposition de la part de Platon.

4. La Vérité contre le Vraisemblable, avènement de la Dialectique philosophique 

     La Dialectique est au bout d’une réaction en chaîne (a), qui s’inscrit dans une révolte du Vrai contre le Vraisemblable (b), ce qui représente un débat traversant toute la philosophie (c).

a. La réaction en chaîne déclenchée par Thalès et les physiologues ioniens

    Le Sophisme s’est engendré en réaction au courant de pensée des physiologues ioniens emmené par Thalès, qui recherchent  théoriquement la vérité « ALETHES » en Grec. Les Sophistes se basent sur le Logos, le langage et le vraisemblable ou crédible « EIKOS », pour établir la « Rhétorique », « technique oratoire » en Grec.

Thalès (625-545) Membre des 7 Sages, philosophe, mathématicien, astronome, père de la méthode scientifique moderne.

Les Sophistes se concentrent sur ce qui est  convaincant de façon pratique, en opposition au concept de vérité théorique. Si Protagoras obéit à une éthique, le Sophisme est marqué par une forme de duplicité croissante. Cette malhonnêteté intellectuelle et ce cynisme assumé insupportent Platon qui va lui-même engendrer la Dialectique philosophique en réaction à la Rhétorique sophiste.

Platon (428-347) « Aristoclès » de son vrai nom, « Platon » signifiant « Large » en référence à sa carrure de lutteur ou à son ampleur intellectuelle.

Cette initiative de Platon s’inscrit dans un élan logique remontant à Parménide et qui pose la règle du jeu philosophique du débat entre vraisemblable et vérité.

b. La révolte du Vrai contre le Vraisemblable 

    La Dialectique remonte à Parménide et Zenon d’Élée, Parménide procède à un effort de logique déductive colossal et fondateur qui pave la voie à Socrate. Le terme dialectique vient du mot Grec « dialegesthai » signifiant « converser » et « dialegein » signifiant « distinguer », le « legein » signifiant « parler ».

La « vraie » Rhétorique sert la Vérité.

Platon distingue deux Rhétoriques, la Sophiste, basée sur l’EIKOS, le « Vraisemblable », qui ne vise qu’à convaincre. Il y a la Rhétorique philosophique et juridique, qui a pour moyen et objet l’ALETHES, la « Vérité ». Dans Phèdre, Platon présente la Dialectique comme la « Psychagogie », la connaissance de l’âme qui permet de soigner en mettant en avant l’immaturité dans la conduite du malade. 

Depuis 2 500 ans toute la Mnémotechnique repose sur les techniques de Simonide de Céos.

Pour Platon la Dialectique sert à trouver la vérité au travers de l’échange oral, c’est pourquoi son enseignement prend la forme de dialogues. Pour Socrate l’écrit a deux effets pernicieux, premièrement il entraîne l’abandon de l’Art de mémoire de Simonide de Céos, fondateur de la Mnémotechnique. L’Art de mémoire permet de mémoriser des « Palais de mémoires », d’immenses banques de données. Ma méthodologie d’assimilation et de mémorisation O.D.S. est basée sur les neurosciences et les techniques de Simonide, présentée ici, constitue un progrès en facilitant l’assimilation et la mémorisation des « données complexes ».

Mon article sur la notion de « Moteur Mnémonique ».

Le Moteur Mnémonique de Simonide repris par tous les auteurs de mnémotechniques ne permet de mémoriser que des Palais Mémoriels de « données simples », c’est-à-dire des listes d’informations, inutile pour assimiler des données complexes comme des cours de droit ou de médecine.

Maïmonide et un étudiant. « Toujours par deux ils vont, le Maître et le Disciple ».

Le second inconvénient est l’apprentissage sans maître. Les élèves sans maître risquent de perdre de vu l’essence de l’enseignement, ce qui est très similaire aux conceptions Talmudiques. L’usage dans l’étude de la Thora est toujours la discussion entre minimum deux élèves, sous la conduite d’un maître. Le point commun entre l’héritage socratique et la pensée juive est une féroce liberté dans la critique morale et logique, qui suppose transmission et débat.

L’idée commune à Socrate et aux maîtres est l’importance du débat.

c. Le débat philosophique entre opinion transitoire et vérité 

    La dialectique philosophique représente l’émergence du second pôle d’un débat philosophique entre vérité relative et absolue (Alpha). Platon est à l’origine de sa création mais c’est comme toujours Aristote qui fixe les lignes de combat contemporaines de la dialectique philosophique (Bêta). 

Alpha : Vérité relative et absolue

    La tension entre Rhétorique Sophiste basée sur la vraisemblance dans le but de convaincre et la dialectique philosophique inaugurée par Platon se prolonge jusqu’à aujourd’hui. Ces deux pôles entretiennent le débat philosophique entre le concept désignant ce que pense l’homme comme la vérité et le concept ciblant la vérité absolue.

Marc Trevidic, illustre juge anti-terroriste. La magistrate française au sommet de son excellence.

Il y a d’innombrables occurrences de ce clivage. Le concept juridique de la vérité dans la Common Law (loi anglo-saxonne) qui vise une « vérité » relative, dans un système de preuve égalitaire entre les parties, efficace et qui s’oppose à la conception française où un juge d’instruction instruit à charge et à décharge pour approcher la « Vérité ».

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : Dans son Contrat social, l’état de nature de l’homme est Bon.

Il y a également le vieux concept de l’arbre qui tombe dans la forêt, sans personne pour en entendre le son, l’arbre est-il tombé ? Pour Thomas Hobbes l’état de nature de l’homme lui fait percevoir le Bien et le Mal comme étant ce qui l’arrange, ce qui ne lui convient pas étant le Mal. Pour Jean-Jacques Rousseau le Bien et le Mal sont des notions absolues que l’homme est naturellement porté à reconnaître et à suivre, la perversion venant la Société. En physique quantique l’incertitude résultant du paradoxe des interactions plaide pour la relativité, puisque l’observation modifie le phénomène par une interaction inexplicable.

Le 2e dialogue essentiel de Platon sur la Rhétorique, après Phèdre.

Pour Socrate, dans le dialogue Gorgias de Platon, explique deux notions fondatrices de la dialectique philosophique. Le débat s’opère par division et rassemblement, ce qui est une notion développée par Parménide de façon passionnante du point de vue physique, précurseur de « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » d’Antoine de Lavoisier.

Antoine de Lavoisier publie en 1789 son Traité de chimie élémentaire.

La deuxième notion importante qu’on retrouve dans toute la pensée Socratique est la Maïeutique, l’usage de la technique Aporétique. Elle consiste à poser des questions jusqu’à pousser une thèse dans ses derniers retranchements, jusqu’à l’absurdité, jusqu’à prouver son incohérence, confondue Ad Absurdum.

Mais c’est sous la plume de son disciple Aristote que la dialectique va prendre sa dimension contemporaine.

Bêta : La Dialectique philosophique érigée par Aristote

    Aristote a écrit trois ouvrages rhétoriques majeurs : la Poétique, la Rhétorique et les Topiques. La capacité de synthèse, la puissance de travail, l’efficience déductive et l’inventivité d’Aristote en font l’auteur le plus prolifique et fécond de l’histoire occidentale. C’est sur le travail de ce génie sans pareil que s’est érigé la civilisation moderne.

Aristote (384-322) : L’auteur le plus important de l’histoire occidentale.

Aristote a une approche pragmatique de la Rhétorique qui est pour lui un « art utile ». Elle constitue un : « moyen d’argumenter, à l’aide de notions communes et d’éléments  de preuve rationnelle, afin de faire admettre des idées à l’auditoire ». 
 


Aristote fixe les règles de la Dialectique au livre V des Topiques et au livre IV des Réfutations Sophistiques, qui est basée sur la logique, la logique des valeurs. Aristote fait de la Dialectique une discipline autonome de la philosophie. Il effectue une synthèse de toutes les techniques oratoires. Vous pouvez retrouver dans le triptyque d’articles cité plus haut sur l’Éthique Rhétorique une analyse de certaines de ces techniques.

Dans la Rhétorique, Aristote distingue trois genres de Rhétorique en fonction de l’auditoire et de la fonction sociale. Chacun a son style de techniques et son temps privilégiés.

• La Rhétorique Délibérative 

Il s’agit de la Rhétorique politique qui pousse à une action pour le « Bien » de la communauté. Son temps est le futur et son raisonnement se fonde sur l’exemple.

Hep ! Article 15-3 du Code de Procédure Pénale !

Mon article sur comment forcer la police à prendre sa plainte.

• La Rhétorique Judiciaire 

Elle s’adresse au juge à des fins de défense ou d’accusation, à une fin « Juste ». Son mode de raisonnement est le syllogisme rhétorique (ou Enthymème, examiné dans le Lexique) et son temps le passé pour évoquer les faits.

• La Rhétorique Démonstrative

Ou dite « Épidicte ». Éloge ou blâme d’une personne qui a pour fin le Beau (au sens du « Bien »). Le raisonnement s’opère par Amplification (procédé examiné dans le Lexique), ses temps sont le présent et le futur.

Le syllogisme est la cheville ouvrière du raisonnement logique depuis son invention par Aristote dans les Premiers Analytiques et les Seconds Analytiques (Livres III et IV de ce que les successeurs de Socrate appelleront l’Organon, ou « Instrument »). Ces ouvrages donnent naissance à la logique en tant que discipline formelle. Il n’y aurait ni droit, ni médecine ni science moderne, sans syllogisme.

Le syllogisme comporte trois propositions. Les deux premières sont des prémisses, une majeur qui porte sur une vérité générale et une mineure sur un cas particulier. L’élément commun aux deux prémisses permet de déduire une conclusion épidictique (exacte).

Sans syllogisme, pas de science déductive et pas de Sherlock Holmes !

La Dialectique Philosophique s’oppose à la Rhétorique des Sophistes par la rigueur logique qui en fait une fin et un moyen de raisonnement. La Rhétorique Sophiste n’a pas pour but d’être juste mais de convaincre. Il n’y a pas à lieu d’émettre un jugement de valeur entre les deux. Ces deux pôles de pensée ont de multiples applications et le débat qui en résulte est fertile. 

Comprendre le processus historique et ses conséquences philosophiques est en soit un objectif suffisant car trancher la question entre la vérité relative pratique et la vérité absolue théorique ne se laisse pas traiter aussi simplement.

Pour clôturer cette plongée aux sources antiques de l’éloquence il ne manque plus que les sources écrites postérieures à Aristote, notamment romaines.

B. Les autres sources

   Aristote a fixé l’essentiel des règles de l’éloquence mais n’oublions pas qu’une part essentielle mais inquantifiable des œuvres antiques a brûlé avec l’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie, évoqué plus haut. Par conséquent il est impossible de savoir tout ce qui a été perdu de ses œuvres. Heureusement il existe d’autres témoignages écrits, notamment Romains, qui ont sauvé le contenu de traités d’éloquence connu de tous durant l’Antiquité.

Éloquence & Week-end à Rome.

Avant de passer aux Romains, disons au revoir aux Grecs avec les autres figures essentielles de la Rhétorique (1). Nous passerons enfin aux trois sources romaines essentielles (2).

1. Les autres figures Grecques

    Commençons par Tisias, disciple de Corax de Syracuse. Comme on l’a vu dans la première partie de ce triptyque d’articles, les origines de l’éloquence se situe sur cette île au VIe Siècle Avant (Jésus-Christ). Corax est un illustre Sophiste. Il a établi les premiers conseils de rhétorique à l’intention des demandeurs en procès en propriété, il est à l’origine de la Rhétorique, il est à l’origine des 5 étape, c’est l’inventeur du sommaire, on lui doit « l’argument du Corax » consistant à retourner l’argument principal de l’adversaire contre lui. Tisias aurait écrit le premier traité de rhétorique.

Une occasion supplémentaire pour Platon de mettre en pièces l’imposture intellectuelle Sophiste sous les questions de Socrate.

Tisias a lui-même un disciple qui est à la fois Sophiste et philosophe, à qui Platon consacre un dialogue, Gorgias. Gorgias s’engouffre dans le sillon de Parménide dans le domaine de l’Ontologie. Parménide a produit un vertigineux effort logique dans l’étude de « l’Être » (Ontologie) et Gorgias prolonge l’exercice de style afin de démonter que la vérité n’existe pas et que seul le langage existe, à grand renforts d’Apagogie (logique par l’absurde). On ne saurait être davantage Sophiste !

Gorgias a énormément contribué à la Rhétorique, dont il est un virtuose. On lui doit l’ajout des figures de style raffinées, les effets sonores et de rythme, les rimes, l’homéotéleute, l’isocolie, la paronomase et l’homéoptote (qui sont toutes des figures de styles jouant sur des sonorités répétitives) et l’Antithèse.

Isocrate (436-338) est professeur de rhétorique, il est considéré comme un des meilleurs orateurs attiques. Aristote suivit ses cours avant de rejoindre l’Académie de Platon. Il fait de la Rhétorique un art majeur en y apportant un talent pour la composition unique, basé sur l’harmonie, la subtilité. Par exemple, ne jamais mettre deux syllabes identiques qui se suivent. Il use peu de figures de style, la pureté de son style l’en dispensant.

Démosthène : Le plus grand et le meilleur défenseur de la liberté et de la démocratie de son temps.

Démosthène (384-322) est quand à lui probablement le meilleur Rhéteur Grec. La Muse de l’Éloquence Polymnie est représentée avec un rouleau gravé des mentions « SUADERE » (« persuadé ») et des noms de Démosthène et Cicéron. Démosthène n’est pas un théoricien mais un praticien virtuose, bègue et au souffle court, il s’entraîne inlassablement en parlant avec des cailloux dans la bouche en cherchant à couvrir le bruit des vagues. Logographe, il est spécialiste de la rédaction de discours juridiques. Il est hétérodoxe, il bouleverse les parties, excelle aux figures de style, joue habilement avec l’auditoire avec des ruptures de ton, dans le solennel ou le familier, jouant sur les sentiments, tantôt interrogeant, flattant ou invectivant.

Les prochains acteurs à dépeindre sont Cicéron et Quintilien, mais il faudra attendre la troisième partie. Elle conclura le cycle historique avec ce qu’il y a à retenir de l’éloquence classique avant d’aborder les conseils pratiques, académiques et professionnels.

Conclusion temporaire 

    L’éloquence est le véhicule par excellence de la pensée, de la construction de la pensée et de son partage. L’étude de l’éloquence académique est à la croisée des chemins entre l’histoire et la philosophie. Si la synthèse du savoir technique qui sera exposé dans le grand C est l’ossature de l’éloquence, l’histoire et la philosophie qui l’accompagnent en sont les nerfs et les muscles, la chair et le sang.

L’éloquence est un marqueur social et culturel qui renseigne instantanément ses interlocuteurs sur le niveau d’éducation et de raisonnement de l’orateur. Comme tant de disciplines classiques remontant à l’Antiquité elle s’est vaporisée dans une brume de particules infinitésimales de bribes de connaissances.  Même avec la meilleure volonté du monde, comment est-on sensé savoir employer convenablement ces outils sans contexte ? Que valent les substrats chimiques et filtrés que sont les formations dépourvus de cette âme ?

Comment savoir quand et comment s’écarter des règles de façon hétérodoxes quand on ne sait rien du classique ? Le Livre I sur l’éloquence classique s’achèvera sur une synthèse pratique de cette approche, dans le prochain article.

Les développements à venir du Livre II seront entièrement pratiques et s’appuieront sur une synthèse harmonieuse et intuitive du Livre I. Dans l’état d’esprit d’un Rhéteur antique, le « Sophos » est simultanément « Savant » et « Sage » car pour le Grec antique la connaissance est indissociable de la mise en pratique. La présente thèse est également pratique mais s’appuyant tout autant sur la théorie.

Je vous remercie pour votre lecture !

Sapere Aude ! Osez savoir !

 


ANNEXES 

   Le sommaire est modestement dédiè à Corax de Syracuse, Sophiste du VIe Siècle fondateur de la Rhétorique et des 5 étapes du discours et inventeur du sommaire !

Annexe 1 : Le plan de l’article 


e. Protagoras 

4. La Vérité contre le Vraisemblable, l’avènement de la dialectique philosophique 

a. La réaction en chaîne déclenchée par Thalès et les physiologues ioniens

b. La révolte du vrai contre le vraisemblable 

c. Le débat philosophique entre opinion transitoire et vérité 

Alpha : Vérité relative et vérité absolue 

Bêta : La Dialectique Philosophique érigée par Aristote

B. Les autres sources

1. Les autres figures Grecques

2. Les sources Romaines

C. Que retenir de l’éloquence classique ?

Livre II : Conseils pratiques 

Partie I : Déverouiller sa parole

Partie II : L’éloquence dans les exercices académiques 

Partie III : L’éloquence dans les exercices professionnels 

Partie IV : L’improvisation d’exposé
 

Annexe 2 : Lexique

- L’Amplification : Stratégie décrite par Aristote consistant à mettre en exergue l’importance d’un sujet grâce à des procédés rhétoriques comme des figures de style, des effets lexicaux, grammaticaux ou déclamatoires. Dans les prétoires les avocats et les procureurs rivalisent d’Amplification en faisant ressortir la quantité ou la qualité d’une caractéristique de la victime ou de l’accusé, ou en faisant appel au Dixit Master, invoquer des figures d’autorité. Classiquement elle est employé en Rhétorique Démonstrative.

- Antilogie : Il existe trois sens à l’antilogie.

• Protagoras en avait fait une technique de raisonnement et une de ses spécialités. Toutes controverses comportent deux théories opposées. Il convient de dégager ces deux thèses et les analyser en renforçant la plus faible. Protagoras était passé maître en cette matière.

•  L’antilogie au sein d’une même phrase juxtapose deux propositions inconciliables. Par exemple : « Je sens que ce matin va être une pure soirée » (Michaël Youn, chanson éponyme).

• Enfin l’antilogie est synonyme d’une contradiction, c’est-à-dire le contraire d’une tautologie. C’est un raisonnement par l’absurde, avec deux prémisses inconciliables.

Une tautologie est une proposition qui tombe toujours juste, comme : « La seule constante de l’univers est le changement, toutes choses changent » ou « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Une antilogie au sens de la contradiction ne recouvre aucune hypothèse valide, par exemple : « Le deuxième ne peut jamais dépasser le premier » (paradoxe de Zénon d’Élée, car le deuxième qui dépasse le 1er devient automatiquement premier).

- (Technique) Aporétique : Finalité de la technique Maïeutique (accouchement) de Socrate. En hommage à sa mère sage-femme, Socrate met à l’épreuve en la questionnant. Durant l’Antiquité Grecque les sage-femmes pouvaient plonger dans l’eau glacée un bébé pour sélectionner uniquement  les plus forts. La Maïeutique accule dans ses derniers retranchements une thèse jusqu’à que les questions démontrent son aporésie, l’impasse, l’impossibilité logique.

- Antithèse : Figure de style consistant à juxtaposer deux idées opposées pour profiter du contraste. 

- Apagogie : Logique par l’absurde.

- L’argument du Corax : Corax est le fondateur de la Rhétorique, il a notamment inventé les 5 étapes du discours. On lui doit cet « argument » qui consiste à retourner l’argument essentiel de l’adversaire contre lui. Pour ce faire, il faut employer la force logique de l’argument contre la thèse adverse. Par exemple retourner « la démocratie est le seul régime non tyrannique » en  « la démocratie est la tyrannie de la majorité qui est la frange de la société la moins éclairée ».

- 5 étapes du discours : Concept inventé par les Sophistes. L’Exorde, la Narration, la Division, la Réfutation, la Péroraison ou Conclusion.

- Dialectique : La Dialectique remonte à Parménide d’Élée, un des plus importants philosophes pré-socratiques dans l’élaboration de la logique moderne. Platon en fera le contre-point de la Rhétorique Sophiste visant à convaincre par  l’EIKOS, la Vraisemblance tandis que la Dialectique Philosophique vise l’ALETHES, la Vérité. Aristote donnera sa véritable ampleur à la Dialectique par une synthèse de toutes les techniques rhétoriques, enrichie de ses propres inventions toujours  brillantes.

- Division : 3e étape du discours, ordre des arguments.

- Éloquence : Discipline qui enseigne comment réussir à obtenir l’attention et de convaincre un auditoire.

- L’Enthymème (ou Syllogisme Rhétorique) : Aristote le définit comme le mode de raisonnement privilégié de la Rhétorique Judiciaire. L’Enthymème est une forme spécifique de Syllogisme. Tout en conservant sa rigueur logique il se caractérise par la suppression d’une des trois propositions du syllogisme.

Dans l’absence de certitude scientifique l’orateur se reporte sur les certitudes humaines. Par exemple en droit français on a admis les « présomptions par fait de l’homme » qui réunissent un faisceau de présomptions suffisant pour établir une certitude, comme le déclenchement d’une pathologie suite à vaccination sans preuve scientifique. Si le faisceau de présomptions est suffisant, l’absence d’antécédents, d’autres explications, la temporalité… le juge peut retenir la causalité sans preuve scientifique.

L’Enthymème élude une prémisse ou la conclusion en la tenant pour certaine d’un point de vue humain et non scientifique. On distingue selon la nature et l’origine de la certitude trois cas :

• Le TEKMÉRION

« Signe de reconnaissance » ou « preuve probante par le raisonnement ». Il s’agit d’un indice sûr décidant de ce qui est ou pas.

Par exemple un accusé réputé pour son intelligence et son expérience que l’on incrimine pour un indice résultant d’une colossale négligence. Il convient de récuser un indice aussi improbable.

• L’EIKOS

 « Semblable, convenable, vraisemblable ». Fait statistique par expérience. L’opinion du plus grand nombre vient au secours de l’absence de certitude scientifique.

Par exemple, le contrôle de police « au faciès » est d’une part une abomination scientifique puisqu’elle préjuge d’une détérioration morale décelée par l’appartenance ethnique et simultanément elle correspond à la vérité statistique ultra-majoritaire dans les prisons. Il est révoltant et impossible de prouver scientifiquement que l’ethnie joue un rôle dans la criminalité mais force est de reconnaître que les probabilités de trouver des délinquants est plus forte selon ce critère.

• Le SÉMÉION

« Signe précurseur » ou « Marque distinctive ». Le Séméion est moins sûr que le Tekmérion, il est plus ambiguë parce qu’il repose sur une polysémie. La polysémie correspond à un signe qui a plusieurs sens et dont l’interprétation correspond selon le contexte et le contraste avec d’autres signes.

Par exemple, en matière médicale les statistiques peuvent connaître des interprétations diamétralement opposées en fonction des critères retenus. Si un patient a une maladie grave, la première statistique de guérison va énormément différée en fonction d’autres paramètres. Son âge, son état de santé, son moral, s’il est entouré… mais cette analyse est vérifiable pour toutes les statistiques dont l’interprétation est une vraie science.

- L’Épichérème : Type de Syllogisme. Il s’agit de renforcer une explication par une preuve, une définition ou une explication. Théophraste disciple d’Aristote y consacre un traité en 18 livres.

Par exemple, soutenir la thèse que le régime Crétois allonge l’espérance de vie en apportant des explications médicales sur les vertus de l’huile d’olive, l’aspect diététique des cuissons, la valeur nutritive des produits…

- Éristique : Art de la dispute et du débat, de la discussion. Étymologie « Éris » Déesse de la Discorde, « Techne » pour « art, procédé ». Un des 4 enseignements Sophistes.

- Ethos : Aristote a établi dans ses traités un triptyque des trois dimensions du discours, Ethos, Pathos et Logos. L’Ethos correspond à l’image que l’orateur donne de lui-même, l’objectif est identique au Captatio Benevolentiae. L’orateur doit gagner l’adhésion du public en donnant des gages de son bon sens, de ses valeurs conforment aux attentes  du public, de ses intentions…

- L’ Homéoptote : Du Grec « Homéo » pour « Semblable » et « Ptosis » pour « Cas ». Figure de style reposant sur la répétition des « morphèmes » 

- L’Exorde : 1ère étape du discours. Entame par la Captatio Benevolentiae, la recherche de la bienveillance de l’auditoire. Peut-être de 3 types, Simple, Insinuant, Ex Abrupto et la Rhétorique Chrétienne a ajouté l’Exorde majestueux. Simple : forme directe conforme aux attentes du public. Insinuant : précautions oratoires pour aller contre les attentes. Ex Abrupto : Faire éclater la colère et l’indignation sur l’auditoire avant de le concilier. Majestueux : Style emphatique et sophistiqué.

- Logographe : Le métier d’avocat n’est pas apparu avec l’art de l’éloquence car seuls les parties au procès ou leurs amis ou familles pouvaient plaider. Le loxographe était le professionnel pouvant écrire le discours, il est l’ancêtre du jurisconsulte.

- Logos : Parole, langue, discours, raison, en grec. Le Logos représente l’objet des études des Sophistes. Il correspond également au triptyque  établi par Aristote des trois dimensions du discours Ethos, Pathos et Logos. Ici le Logos a le sens des arguments logiques.

- Ontologie : Exercice philosophique sur la signification de « l’Être ». 

- Narration : 2e étape du discours, exposé des faits.

- Pathos : Aristote a établi dans ses traités un triptyque des trois dimensions du discours, Ethos, Pathos et Logos. Le Pathos correspond à l’émotion.

- Péroraison : Conclusion. Selon Quintilien dans De inventionne il y en a 3 types, le résumé (Enumaratio), le mystère (Enigmatio) et l’appel à la pitié (Conquestio). 

- Prémisse : Les deux premières étapes du syllogisme sont des prémisses. Elles permettent d’amorcer la conclusion. La première prémisse porte sur une vérité générale et la seconde le cas particulier auquel on va l’appliquer.

- Protagoras : Chef du mouvement sophiste, figure essentielle de la pensée grecque. Connu pour ses doutes sur l’existence des Dieux, sa citation sujette à des querelles d’interprétation « L’Homme mesure de toutes choses ». Inventeur de la rémunération contre enseignement, inventeur du concept majeur de la différence entre vengeance et justice, fondateur de l’Éristique. Malheureusement toute son œuvre est perdue ; nous le connaissons au travers d’autres regards notamment celui de Platon.

- Réfutation : 4e étape du discours, anticiper les arguments adverses.

- Rhétorique : « Technique, art oratoire » en grec. La Rhétorique est une invention Sophiste, qui ont apporté 4 techniques d’enseignement (la lecture publique de discours, l’improvisation, la critique de poèmes et l’Éristique - art de la conversion inventé par Protagoras) et les 5 étapes du discours (Exorde, Narration, Division, Réfutation, Péroraison ou Conclusion) inventées par Corax de Syracuse.

- Rhétorique Délibérative : Selon Aristote il y a trois types de Rhétorique, la Délibérative, la Judiciaire et la Démonstrative. La Rhétorique Délibérative concerne le domaine politique, vise le « Bien », emploie le futur pour dépeindre les enjeux et utilise le raisonnement par l’exemple.

- Rhétorique Démonstrative ou Épidictique : Selon Aristote il y a trois types de Rhétorique, la Délibérative, la Judiciaire et la Démonstrative.  La Rhétorique Démonstrative consiste en un éloge ou un blâme qui vise le « Beau » (au sens du « Bien »). Ses temps sont le présent et le futur et son mode de raisonnement est l’Amplification

- Rhétorique Judiciaire : Selon Aristote il y a trois types de Rhétorique, la Délibérative, la Judiciaire et la Démonstrative.  Elle vise le juge pour l’accusation ou la défense, elle vise le « Juste », son temps est le passé pour évoquer les faits et son mode de raisonnement est le Syllogisme Rhétorique ou Enthymème.

- Sophisme : Le courant de pensée Sophiste « Spécialistes du savoir » est né au IVe Siècle Avant, sa figure essentielle est Protagoras d’Abdère. Il constitue une réaction opposée aux premiers philosophes physiologues (Thalès et l’école ionienne) qui recherchent la vérité par la théorie. Les sophistes réfutent ce postulat en étudiant le « Logos », le langage, ce qui est crédible. Par conséquent ils enseignent comment convaincre pour occuper les premiers postes, contre rémunération. Ils sont également sceptiques en matière religieuse.

- Syllogisme : Procédé déductif inventé par Aristote. Il comporte 3 étapes, une prémisse majeure qui porte sur une vérité générale, une prémisse mineure sur un cas particulier. Un élément commun aux deux permet d’effectuer une conclusion apodictique (exacte). Le syllogisme est le moteur logique de la science moderne, notamment en droit et en médecine.

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