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Eliya Waiche

Méthodologie de travail O.D.S., Droit & Philosophie

Conseils de rédaction (Partie 2)

CONSEILS DE RÉDACTION


Partie 2
 

  Bonjour à tous et bienvenue.

    J’ai entamé l’article de conseils de rédaction comme un « petit rappel méthodologique rapide ». À l’instar de tous les artisans mon œuvre me sert d’auto-thérapie et je me diagnostique une tendance à hypertrophier tous les concepts que je développe.

Je ne peux qu’espérer être inspiré par l’esprit de mon héros absolu Sir Winston Churchill, chez qui cette tendance s’est traduite par une créativité intellectuelle universelle prodigieuse. Ses « petits coups d’œil rapides » sont à l’origine des tanks, de l’aviation et de l’espionnage modernes, des commandos, des plateformes flottantes permettant le Débarquement, d’ouvrages couronnés du prix Nobel de littérature et globalement d’avoir sauvé le Monde Libre.

Toujours est-il que cette méthodologie de rédaction a échappé à tout contrôle, nourrissons le monstre à satiété ! Même si je me suis vu dans l’obligation de la couper en deux. Voici la seconde partie, consacrée à la dissertation et à toutes les astuces de construction des idées et des phrases.

Je vous souhaite une bonne lecture et je rappelle que je suis joignable directement sur WhatsApp et Messenger à mon nom, Eliya Waiche, si vous avez des questions !

 

II. La dissertation 

    La dissertation est la discipline académique de base en France, on l’apprend avant le baccalauréat et on retrouve sa structure dans tous les articles, les œuvres académiques, les rapports professionnels. Il faut en maîtriser les codes, tant pour réussir sa carrière académique que professionnelle.

Il y a des variantes des codes dans certaines institutions (le fameux plan « Sciences politiques » avec trois petits points entre le titre du grand un et du grand deux) mais le squelette de la dissertation est une structure omniprésente.

Voyons les codes standards de la dissertation (A) et la méthodologie qui permet de l’écrire (B).

A. Les codes de la dissertation  

    La dissertation comporte une introduction (1), un développement (2) et une conclusion (3).

1. L’introduction 

    L’introduction doit faire l’objet d’un soin très particulier. Elle va sécuriser votre lecteur en lui montrant que le propos est bien défini et interessant. Un texte au sujet nébuleux provoque le désintérêt du lecteur et il sera difficile de récupérer cette première mauvaise impression. Au contraire, vous avez la possibilité de prouver rapidement la qualité du texte et ce crédit lui fera davantage apprécier la suite.

La première phrase de votre introduction s’appelle  l’accroche ou le coup de clairon. Il s’agit d‘une citation ou d’une phrase évoquant largement le sujet, qui doivent « réveiller le lecteur », éveiller son intérêt. Si vous optez pour la phrase, elle doit partir du périmètre large du sujet afin de pouvoir le réduire juste après. Par exemple, sur un sujet qui serait « Le droit au blasphème » :

    Depuis l’aube de l’humanité la religion a été la première forme de pouvoir politique. Le professeur  d’anthropologie Claude Levi Strauss a démontré que toutes les sociétés primaires s’appuient sur une forme de chamanisme pour étayer spirituellement le « droit primitif ». Ce n’est qu’à l’issue d’un long et douloureux processus que la démocratie moderne a substitué la légitimité du pouvoir de droit divin par la souveraineté laïque du peuple. L’infraction de blasphème est un reliquat de cette ère que chacun aurait cru dépassée, mais qui revient avec fracas dans le débat public. 

Il faut ensuite se servir de cette base pour expliciter les termes du sujet. C’est une étape qui se veut aussi obligatoire que brève, si vous êtes trop long vous empiétez sur le développement et vous tuez dans l’œuf votre dissertation. Vous indiquez au lecteur que vous tiendrez votre promesse de traitez le sujet sans faire de hors-piste. Par exemple dans notre dissertation « Le droit au blasphème ».

Le blasphème consiste en une injure d’ordre religieuse. Elle est inhérente à la plupart des religions et dans la société occidentale de tradition chrétienne il s’agit « d’injurier Dieu ». Sous l’Ancien Régime où la monarchie était de droit divin, le blasphème était une des infractions les plus graves dans le droit positif (droit en vigueur).

Le droit au blasphème pose la question de la laïcité, car si la légitimité de la démocratie repose sur la souveraineté du peuple, la liberté d’expression est limitée par l’interdiction d’inciter à la haine et la violence ; si la liberté d’expression est bornée par la susceptibilité religieuse, la société substitue la religion aux droits de l’homme comme fondement. Le délit de blasphème rogne sur l’intérêt public au nom d’un intérêt collectif.

À ce stade nous sommes purement dans la dimension descriptive et il est temps de passer à l’analyse. Il faut expliquer les enjeux du sujet, ce que l’on appelle encore la problématique. Si vous ne savez pas rendre votre propos intéressant, personne n’imputera cet échec au choix du sujet, mais à vos talents. Chaque sujet peut être passionnant et c’est à vous de trouver et exposer les points d’intérêts. 

Pour trouver ces points d’intérêts il faut se demander ce qui se cache derrière le sujet, quels principes, quels conflits, quelles sont les conséquences de ces conflits. Il y a toujours des forces opposées qui défendent des intérêts contraires, en fonction de ceux qui l’emporte il y a différentes conséquences.

Quand cet équilibre est expliqué clairement, la transition est faite entre le descriptif et l’analytique. Il faut bien avoir en tête ce mécanisme dès le début, pour trouver la problématique, le plan et comment construire la démonstration.

Voici la clef de décryptage de la pensée analytique en 3 points :

1) Dans tous sujets il y a un conflit majeur où  l’on retrouve deux grandes forces qui s’opposent.

2) Ces 2 grandes forces ont toutes trois caractéristiques qu’il faut comparer :

- Un fondement théorique.

- Des applications pratiques.

- Des conséquences matérielles aux applications pratiques.

3) Cette comparaison doit faire ressortir les points communs et les divergences entre les 2 grands fondements, d’où ressortent des paradoxes et conclusions imprévues.

 

Par exemple, pour notre dissertation sur « Le droit au blasphème » :

La démocratie moderne est fondée sur le libéralisme politique tel que défini par John Locke comme un ordre public fondé sur le principe « le droit des uns s’arrête où commence celui des autres ». Les trois libertés fondamentales dont découlent toutes les autres sont l’intégrité physique et morale, la propriété privée et la liberté d’expression. Une liberté n’est bornée que par le devoir correspondant, par exemple pour le droit au respect de son intégrité physique correspond à l’interdiction de porter atteinte à l’intégrité physique d’autrui.

Dans l’Etat de droit, l’ordre public n’est limité que par ce qui est interdit pour protéger les libertés fondamentales. Le délit de blasphème restreint ainsi la liberté d’expression sans justification, ce qui relève de la tyrannie.

L’argument utilisé est que la liberté religieuse comprend l’interdiction de blasphémer au nom du respect de la susceptibilité religieuse. La liberté religieuse est un corollaire spécialisé de la liberté d’expression, puis de la liberté de conscience, elle se doit de respecter les libertés dont elle découle. Le champ de la liberté religieuse est la liberté d’exercer sa religion sans contrevenir à l’ordre public, sans quoi la pratique de la religion devient illégale.

Une fois épuisés les faux arguments juridiques, nous revenons à la source philosophique de la démocratie. Socrate est le champion de la critique logique et morale grecque qui émancipe l’humanité de la tyrannie intellectuelle religieuse. Derrière les revendications de résurgence du délit de blasphème se trouvent les antiques forces superstitieuses qui reprennent le long combat du despotisme mystique contre la pensée logique et morale, incarnée dans la démocratie libérale moderne.

De cet exposé de la problématique découle tout naturellement le plan, qui doit répondre directement à la problématique. Les techniques pour construire cette structure seront toutes exposées dans le grand B.

Par exemple dans notre dissertation sur le « Droit au blasphème » :

Pour comprendre les enjeux du droit au blasphème il faut revenir aux origines de l’émancipation du droit du fait religieux, l’émergence du droit au blasphème (I). Les revendications au retour de l’infraction de blasphème fait se poser la question de la disparition du droit au blasphème ? (II). 

Il est temps d’exposer le fonctionnement du plan académique.

En résumé :

> Telle une empreinte dans la cire, votre introduction fera une première impression indélébile.

> L’introduction conditionnera l’état d’esprit du lecteur pour la suite.

> Il faut soigner l’introduction avec un soin tout particulier.

> Le coup de clairon pour commencer, citation ou approche large du sujet.

> Expliciter succinctement les termes du sujet.

> Exposez la problématique en situant les enjeux.

> Rendez passionnant votre sujet en trouvant les idées et les mécanismes à l’œuvre.

> Pour trouver les idées principales il faut identifier le conflit. Dans tout sujet se livre une lutte entre des forces opposées.

> Dans tous conflits on retrouve in fine deux grandes forces qui s’opposent. Ces deux forces constituent le début de l’analyse.

> Pour ces deux grandes forces, il existe trois critères : leurs fondements théoriques, leurs applications pratiques, et les effets de ces applications pratiques.

> Le passage de la description à l’analyse se fait par la comparaison entre les deux grandes forces et leurs trois caractéristiques.

> L’analyse prend du relief en comparant les conséquences du conflit, en mettant en avant les points de convergence, les différences, les paradoxes, en expliquant ces paradoxes, avec clarté et synthèse.

> De la problématique découle le plan.


2. Le développement 

    La structure du plan académique est simple, elle est omniprésente dans pratiquement tous les écrits à valeur didactique, les articles de presse, les manuels, les documents de travail, etc… une fois le principe compris, on peut l’utiliser partout. 

Le plan académique contient deux parties principales, le grand un « I » et le grand deux « II ». On utilise les chiffres romains. 

On dégage deux sous-parties qui seront le grand « A » et le grand « B ». En principe il faut que les sous-parties soient équivalentes en volume.

À l’intérieur du grand A et du grand B il y a des parties (1), (2), selon les besoins. Elles sont facultatives et leur nombre dépend du traitement du sujet.

Ajoutons le petit a « a) », le « b) » et ainsi de suite. Ces parties sont également facultatives selon le cas.

Certains ajoutent les lettres grecs comme subdivisions supplémentaires : alpha, bêta, gamma, delta, etc… 

Il existe également une autre nomenclature qui remplace les lettres par uniquement des chiffres. Dans ce cas, afin de conserver la clarté, l’on garde tous les chiffres à chaque fois. Ce plan exclusivement numérique est couramment utilisé pour les thèses, qui requièrent de nombreuses sous-parties.

Voici des exemples des deux options, pour le plan « alpha-numérique », avec notre dissertation « Le Droit au blasphème » :

Partie I : L’émergence du droit au blasphème 

A. La séparation de la religion et de la pensée 

1. Les penseurs pré-Socratique

a. Les 7 Sages ou la raison débattant avec le religieux 

- Les 7 Sages dans leurs adages défendent les valeurs traditionnelles grecques.

- Parmi ces valeurs la raison l’emporte toujours sur l’obligation religieuse.

b. Les promoteurs de la critique logique 

- L’école ionienne, Thalès fondateur de la méthode scientifique occidentale moderne.

- Xénophane et Héraclite, Empédocle , Anaxagore, Diogène, prémisses de l’astronomie, de la physique, de la biologie moderne.

- Parménide, jalon majeur de la logique moderne.

- Démocrite inventeur de l’atome et débuts de la vision laïque du monde.

- Les Sophistes, Protagoras et Prodicos.

2. Socrate le Champion de la Raison

a. La pensée humaine ne détache de la pensée religieuse

b. La critique logique et morale supérieures à la religion

B. L’élimination du délit de blasphème 

1. John Locke et l’invention de l’Etat de Droit

a. Une chronologie succincte de la démocratie moderne 

- Philosophie grecque, pensée judéo-chrétienne, Renaissance et Siècle des Lumières.

b. John Locke et la fin de l’absolutisme

- Thomas Hobbes et son Léviathan totalitaire s’inclinent devant John Locke.

- John Locke transforme le principe juif « aime ton prochain comme toi-même » en « le droit des uns s’arrête où commence celui des autres ».

- La liberté d’expression s’arrête où commence le droit à l’intégrité physique et morale.

- La liberté religieuse inférieure à la liberté de conscience et à la liberté d’expression.

2. La liberté d’expression 

a. Le fondement de la liberté d’expression 

- Les 3 droits naturels fondamentaux : intégrité physique et morale, propriété privée, liberté d’expression.

- Le tabou religieux battu par l’Etat de droit laïque.

b. Le Peuple source de souveraineté supérieure au Mystique 

- Les philosophes des Lumières (Spinoza, Rousseau, Descartes…) : la démocratie laïque.

- La laïcité : le fait religieux ne détermine plus le droit positif.

Partie II : La disparition du droit au blasphème ?

A. Le retour fracassant du fait religieux en France

1. L’exigence islamique de reforme du droit français 

a. L’Islam : débat interne entre rigorisme et libéralisme 

- Le Soufisme et Averroès : échec de l’Islam des Lumières.

- Frères Musulmans, Salafisme et Wahabbisme : retour moderne du djihâd.

b. Assimilation, retour de la culpabilité coloniale française et Islam 

- Débats sur l’intégration des musulmans français.

- Les demandes de réformes islamiques de la République.

2. Le respect de la religion versus la liberté d’expression 

a. L’argument du respect de l’Islam

- Respecter l’Islam c’est ne pas heurter les croyances des musulmans.

- Redéfinir la laïcité en recul des autres libertés en faveur du fait religieux.

B. La contestation du caractère laïque de la République française 

1. Le droit au blasphème, garde-fou de la République laïque ?

a. L’impact du chantage terroriste sur la défense de la laïcité

- L’attentat de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 : « Je ne suis PAS Charlie ».

- L’assassinat de Samuel Patty du 16 octobre 2020 : « Il ne fallait pas être provoquant ».

b. La peur rend lâche et hypocrite

- Le droit au blasphème gardien de l’Etat de Droit.

- Si le Blasphème réintègre le Code Pénal c’est à début de la République Islamique de France.

2. Le débat sur la redéfinition de la laïcité 

a. La laïcité qui sacrifie la liberté d’expression ou de conscience ?

- Fondement de la laïcité dans l’Etat de Droit : la critique logique et morale supérieurs à la religion.

- Le retour de la tyrannie religieuse : l’intérêt communautaire inférieure  à l’intérêt public ?

b. Susceptibilité religieuse contre démocratie moderne 

- Socrate, Locke et Montesquieu contre la tyrannie mystique.

- Les autres religions face au blasphème : le judaïsme, le christianisme et les polythéismes orientaux acceptent la critique.

- Pourquoi la démocratie moderne ne sait pas répondre au djihâd politique ?

 

J’ai mis les correspondances entre parenthèses entre les deux systèmes. Dans le cas du plan exclusivement numérique il se présente ainsi :

 

1. (I)

1.1. (A)

1.1.1. (1)

1.1.2. (2)

1.2. (B)

1.2.1. (1)

1.2.2. (2)

2. (II)

2.1. (A)

2.1.1. (1)

2.1.2. (2)

2.2. (B)

2.2.1. (1) 

2.2.2. (2)

Enfin, à l’annonce de chaque partie on écrit ce que l’on appelle un chapeau, par exemple ainsi rédigé :

 

Et à la fin de chaque partie l’on annonce la suivante avec ce que l’on appelle une phrase de transition

En résumé :

> La première subdivision du plan est le grand un « I » et le grand deux « II ».

> Hors du cadre de la dissertation l’on peut rajouter d’autres grandes parties.

> Dans certains cadres académiques on admet une troisième partie à la dissertation, cette possibilité sera toujours notifiée par les professeurs en préparant les épreuves. 

> À l’intérieur de chaque grande partie, il y a deux autres sous-parties, le grand « A » et le grand « B ».

> Les sous-parties doivent en principe être égales en volume.

> Selon le cas l’on peut ajouter plus de sous-partie, tout dépend du cycle et de la branche d’étude.

> À l’intérieur des sous-parties il y a des (1) et des (2), selon les besoins. Leur présence n’est pas obligatoire et modulée selon le sujet.

> Il est éventuellement possible d’ajouter des (a), (b), etc… selon les besoins.

> Certains ajoutent l’alphabet grec comme subdivision : alpha, bêta…

> Il est également possible de substituer les chiffres aux lettres. Dans ce cas cela donne : 1.1.1, puis 1.1.2, etc…

> En bas de chaque partie il y a des chapeaux qui annoncent les titres à venir.

> À la fin de chaque partie il y a une phrase de transition qui annonce la partir suivante.

Il reste une dernière étape qui est tout aussi cruciale que l’introduction, il s’agit de la conclusion.

3. La conclusion 

    La conclusion est aussi importante que l’introduction. Comme l’introduction elle est extrêmement courte par rapport au développement, mais elle a un impact plus important que son volume. Elle va donner la dernière impression, qui éclipsera pour beaucoup le reste du travail, en bien comme en mal. Il est très important qu’elle soit réussie.

L’introduction devait refermer la focale en partant d’un sujet potentiellement trop large, la conclusion doit rouvrir le sujet avant de prendre congé du lecteur. Pour cela, il faut relever le difficile et délicat challenge de la synthèse du propos. La synthèse fait la preuve de la maîtrise intellectuelle du sujet.

En effet, l’exercice intellectuel suprême, la plus grande preuve d’intelligence, est de simplifier un propos complexe. Il est détestable que beaucoup d’individus éduqués considèrent que rendre incompréhensible leurs propos est un signe de qualité. N’importe qui peut utiliser des mots abscons et des formules compliquées, en revanche être capable d’écarter les fioritures inutiles et extraire l’essentiel est de l’authentique intelligence. Comme le disait Nicolas Boileau, flamboyant homme de lettres du XVIIe siècle : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Si vous n’êtes pas capable d’expliquer simplement quelque chose, c’est qu’elle n’est pas assez claire dans votre esprit.

La confusion de l’esprit empêche la synthèse. Un propos simple, clair et succinct est la preuve de votre sens de l’analyse et de la compréhension. Plus vous êtes entraînés à ne garder en tête que ce qui est important, plus vous raisonnez rapidement et efficacement, mieux vous serez compris, plus votre force de travail grandira.

Nous y reviendrons dans la prochaine partie, en réalité même un développement long peut se résumer en quelques points. L’on appelle ces points idées forces, idées essentielles, points pivots… c’est justement à partir d’eux qu’il faut bâtir le plan et nous l’étudierons dans un instant. En attendant voyons comment extraire les idées forces d’un texte que vous n’avez pas écrit.

Il faut beaucoup de développements pour amener, exposer et justifier ses idées. Si vous recherchez spécifiquement le concept qui se tient au centre de tout ce dispositif, vous trouverez aisément l’idée force au milieu du texte. 

Le but de la conclusion est de reprendre les idées essentielles et de les articuler comme la réponse qui fait écho à la problématique de l’introduction.

Commencez votre première phrase en reprenant l’intitulé du plan. Enchaînez sur un condensé de ce qui vient d’être dit. Le débouché naturel est une prise de position qui évoque les conséquences, les effets, les suites, la direction où nous mène votre raisonnement. Il faut créer un dernier « réveil » ou « éveil » de votre lecteur avant de le laisser surprenez-le. Il est temps de prendre un parti, ou plutôt d’assumer en « plein » de façon explicitement ce que votre démonstration a dessiné en creux, comme un démoulage. Et il faut mettre en valeur ce résultat avec panache.

Par exemple dans notre dissertation sur le « Droit au blasphème » :

    Le droit au blasphème est l’aboutissement sophistiqué d’une longue marche intellectuelle. De ses prémisses sur les côtes ioniennes baignées de soleil de la Grèce Antique à sa finalisation moderne, c’est un droit arraché de haute lutte à la tyrannie mystique. La tyrannie, qui supplante inévitablement la démocratie quand disparaît la liberté d’expression, connaît sa forme la plus ancienne dans la religion. La force coercitive du divin est synonyme de fanatisme et de violence sans limite. Toute humanité disparaît quand la violence s’exerce au nom du mysticisme, qui supplante absolument l’humain. Toutes les barbaries sont nettoyés du sang des innocents par le mobile divin.

La laïcité permet à la démocratie de détacher sa légitimité du divin au profit de la souveraineté du peuple. John Locke détache l’ordre public du pouvoir arbitraire du Prince pour le rattacher au concept « le droit des uns s’arrête où commence celui des autres ».

Si l’on retire la laïcité, l’Etat de droit s’effondre. Et si le droit de critiquer la religion disparait, c’est la laïcité et la liberté d’expression qui disparaissent ensemble. Si cette digue rompre tout le reste sera emporté, chaque liberté se voyant rognée une à une pour se conformer à la Charia, la loi islamique.

Derrière l’argument du respect de la liberté religieuse il y a l’oubli volontaire ou la méconnaissance que c’est un droit inférieur à la liberté d’expression. La liberté religieuse est bornée par l’ordre public, l’on ne peut exercer sa liberté religieuse au détriment des libertés fondamentales. Par exemple un adorateur de Baal ne pourrait pas revendiquer au nom du culte phénicien tout droit venu de la Carthage antique le droit de sacrifier son fils aîné au nom de la liberté religieuse. Pourquoi au nom de la religion la liberté d’expression devrait disparaître ? Celle-ci est elle-même bornée uniquement par l’interdiction d’inciter à la haine ou à la violence, il est normal qu’elle permette de mécontenter les défenseurs d’un intérêt communautaire.

L’intérêt public prime toujours sur l’intérêt communautaire, c’est à la communauté mécontentée de prendre sur elle et de se plier aux lois de la République. Si la République plie devant un intérêt communautaire, elle s’écroule.

Mais l’irrésistible élan porté par des titans comme Abraham, Socrate, Saint Thomas d’Aquin, John Locke ou Voltaire ne s’incline pas devant le cortège de collaborateurs du totalitarisme inspirés par la peur de la violence. Le terrorisme et la menace de la violence physique contre le philosophe Robert Redeker ou la jeune Mila menacés de mort pour avoir critiqués l’Islam engendre un courant de lâche capitulation. La collaboration inspirée par la terreur a toujours générée une minorité active contre la démocratie. Elle existait dans l’Athènes de Périclès, dans la Rome antique, dans la France occupé pendant la 2e Guerre mondiale. 

La démocratie moderne laisse en son seing la contestation naître et grandir, le droit au blasphème peut-être contesté. La liberté d’expression n’a jamais dans toutes les annales de la démocratie moderne succombé face à des revendications infondées intellectuellement, juridiquement et philosophiquement. L’on ne peut pas revenir en arrière sur le progrès politique. Le droit au blasphème est le droit de critiquer au nom de la logique et la morale. Socrate a préféré boire la ciguë plutôt que renier sa liberté d’expression et la légitimité de la critique logique et morale. Il est douteux que les français acceptent d’avaler leurs droits fondamentaux de leur propre grès.

En résumé :

> L’introduction resserre le sujet, la conclusion réouvre la discussion.

> Il faut faire la synthèse du sujet.

> De la synthèse du sujet découle la position qu’elle tend à démontrer.

> La démonstration fait directement écho à la problématique du plan.

> Cette position doit-être défendue, démontrée et inscrite dans un contexte plus large.

> Pour conclure il faut du panache, réveiller une dernière fois le lecteur avant de le laisser partir.

    À présent nous allons aborder toutes les techniques méthodologiques qui permettent de construire une rédaction… mais dans la 3e et dernière partie, pour des raisons de place.

Sapere aude ! Osez savoir !

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