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Eliya Waiche

Méthodologie de travail O.D.S., Droit & Philosophie

L’Éthique Rhétorique (Partie III)

L’Éthique Rhétorique 
 

Partie III

 

Bonjour à tous, et bienvenue.

    Je suis heureux de vous proposer cette troisième et dernière partie de cette « Éthique Rhétorique », dont la première partie est ici et la deuxième est . Il s’agit d’une fiche de lecture analytique de l’Art d’avoir toujours raison d’Arthur Schopenhauer.

Sorti vers 1830, ce petit ouvrage reprend les stratagèmes rhétoriques exposés par Aristote.


Cet ouvrage porte sur l’Éristique, l’art de la controverse, inventé par Protagoras. L’histoire de la rhétorique est exposée dans la première partie du Traité d’éloquence pratique.

Sir Winston Spenser Churchill : Le Parangon moderne de l’éloquence,

Cette fiche de lecture a pris la direction d’une « Éthique Rhétorique » par opposition à la thèse d’Arthur Schopenhauer qui soutient que l’abandon de la vérité est une nécessité, dictée par la « médiocrité » morale et intellectuelle des hommes. La thèse développée ici est que la déloyauté  est un aveu d’échec intellectuel. Ces tromperies reposent sur des faux-pas logiques qui sont autant d’épées de Damoclès.

Victoire à la Pyrrhus : Pyrrhus 1er d’Épire au IIIe siècle Avant subissait tant de pertes irremplaçables contre les Romains que chaque victoire le rapprochait de la défaite.

Ainsi la première partie était consacrée aux procédés déloyaux visant à déformer sa propre thèse, puis la thèse adverse. La deuxième partie poursuivait et enchaînait sur les procédés visant à usurper la victoire.

Les perspectives biaisées d’Escher : représentations géométriques des faux-pas logiques.

Cette troisième et dernière partie complète ces « victoires à la Pyrrhus », puis seront abordés par les  procédés rhétoriques loyaux. Le roi Pyrrhus 1er avait triomphé seulement en apparence des Romains, grâce à ses éléphants. Ses pertes étaient si terribles que ces deux batailles devinrent synonymes de fausses victoires.

Reprenons les quatre derniers stratagèmes de la victoire à la Pyrrhus, l’association infamante (7), opposer théorie et pratique (8), la folie (9) et la guerre psychologique totale (10). Nous pourrons enfin aborder les stratagèmes honorables (Partie III).

Vous trouverez en annexe 1 la table des matières et en annexe 2 un lexique.

Un dernier point avant de reprendre le développement est de rappeler le fonctionnement du syllogisme. Chaque mécanisme rhétorique repose sur les rouages du syllogisme. Tout raisonnement repose sur un syllogisme. Aristote a inventé ce procédé de déduction logique qui est la cheville ouvrière de la science moderne, à commencer par le droit et la médecine. Chaque procédé déloyal repose sur sa violation.

La plupart des stratagèmes exposés par Schopenhauer viennent d’ici.

Il comporte deux prémisses, une majeure portant sur une règle générale et une mineure portant sur un cas particulier. Le « moyen » commun aux deux prémisses permet une déduction qui aboutit à une conclusion apodictique (exacte). Le faux-pas logique consiste à donner l’illusion de la rigueur déductive. Il est fait continûment référence à ces termes qui figurent dans le lexique, en annexe.

Comme toujours je suis joignable sur LinkedIn, Messenger, WhatsApp et Instagram. Bonne lecture !
 

7. L’association infamante 

    Stratagème numéro 32.

Principe :

Vous disqualifiez votre adversaire en lui attribuant une étiquette péjorative. 

Parade :

Il faut identifier ce procédé et le dénoncer. Utilisez une étiquette honorable. Choisissez des associations infamantes pour l’adversaire et demandez-lui ce qu’il en pense. Insurgez-vous contre cette façon autoritaire et hypocrite d’interdire le débat en évitant de répondre au fond.

Adressez-vous au marionnettiste.

Globalement opposez-vous à toutes déterminations de votre vocabulaire par votre adversaire qui vous reprend, vous impose ou vous interdit d’employer certains termes. Requerrez des réponses sur le fond et non des manœuvres de diversion sur la forme.

J. K. Rowling, auteur de Harry Potter. Accusée de « transphobie » depuis qu’elle a déclaré que biologiquement il y a des hommes et des femmes.

Cette stratégie est typiquement employée par certains militants LGBT qui exigent l’usage de leur nomenclature « inclusive », les autres appellations taxées d’être « misogynes » et/ou « oppressives ». 

Coluche : Haut patron de ce plaidoyer pour la liberté d’expression.

J’ai consacré un plaidoyer sur la liberté d’expression et le concept d’Anathème qui emploie justement ce procédé.

Exemple :

Vous vous interrogez sur le réchauffement climatique, sur les rapports du GIEC depuis 20 ans avec des prévisions catastrophistes qui ne se réalisent jamais, sur le bien-fondé de la thèse des émissions de carbone à l’origine du réchauffement, contestée par d’éminents spécialistes qui n’ont pas voix au chapitre médiatique. Votre adversaire vous qualifie de « Climato-Sceptique », de vendu aux lobbies capitalistes… si vous ne contestez pas ces étiquettes infamantes, l’adversaire a tué le débat sans échanger un seul argument.

Le film Waterworld (1995) : Un futur apocalyptique aqueux qui arrive toujours « demain ».

8. Opposer théorie et pratique 

    Stratagème numéro 33.

Principe :

Dans toutes hypothèses si vous êtes acculé par votre adversaire, vous pouvez dénigrer à peu de frais la thèse adverse avec ce procédé. Il peut toujours y avoir une différence entre la théorie et la pratique. L’accusation de manque d’expérience et l’insinuation insidieuse de raisonnement éthéré et fumeux disqualifie le raisonnement adverse.

Alexandre Astier a créé un maître du raisonnement fumeux avec le Seigneur Perceval. « Après-demain à partir d’aujourd’hui ? » (sinon ça reporte)

Parade :

Dénoncez le procédé. Demandez à l’adversaire ce que vaut sa propre théorie confrontée à la pratique. Demandez-lui pourquoi il a accepté d’entamer une conversation à laquelle lui-même ne comprend rien. Quand s’en est-il rendu compte ?Demandez lui s’il trouve fair-play d’arrêter de répondre sur le fond pour botter en touche sur la forme. S’il veut interrompre le débat faute d’arguments, qu’il le reconnaisse sans faire passer son échec pour de l’humilité. Qu’il donne des arguments pratiques plutôt que théoriques et vous lui répondrez de façon pratique.

Citation d’auteur inconnu.

Exemple :

Vous soutenez que la politique de fermeture à l’immigration au Japon n’a pas que des inconvénients. Votre adversaire avance la dénatalité dû à la difficulté des Japonais à former des couples,  ce qui peut entraîner un hiver démographique ; si le Japon s’ouvrait à l’immigration il pourrait y pallier.

Estampe d’Hirochigue : Le Japon était fermé durant l’époque Edo de 1603 à 1868.

Vous contrez en opposant l’incomparable esprit de solidarité japonais, qui leur permet de réaliser des miracles que peu d’autres nations pourraient espérer : grâce à cette solidarité le Japon s’est remis des bombardements nucléaires de Hirochima et Nagasaki, de la capitulation du 2 septembre 1945, il résiste à son endettement, détenu par les japonais eux-mêmes, ils se sont relevés de la catastrophe de Fukushima en 2011…

L’Empereur Naruhito, garant de la cohésion nationale japonaise.

Vous ajoutez qu’en France nous manquons cruellement de cette qualité et qu’un tel patriotisme résoudrait beaucoup de problèmes. Votre adversaire vous répond benoîtement que tout ça ce n’est que de la : « théorie et qu’en pratique les choses sont plus complexes ».

Dans l’inflation de mauvaise foi nous pouvons franchir un palier avec le stratagème suivant.

9. La Folie

    Stratagème numéro 36.

Principe :

Vous gardez votre sérieux et vous embrassez sans inhibition la débilité profonde en racontant n’importe quoi. Grâce à l’effet de stupéfaction vous pouvez l’emporter et gagner l’auditoire.

Le joueur de flûte de Hamelin : Les hordes d’enfants hypnotisés par le son de sa flûte.

Parade :

Si vous êtes en public et si ça fonctionne, consentez à ennuyer tout le monde en reprenant le raisonnement de zéro. Si vous essuyez des marques d’impatience ne manquez pas de rappeler qui a rompu avec la rigueur logique pour dénigrer abstraitement votre raisonnement. Si vous êtes seul avec votre interlocuteur, je vous suggère de ne plus perdre votre temps avec cette conversation.

Les Inconnus : « Il y a les bons et les mauvais chasseurs. »

Exemple : 

Vous soutenez que la chasse fait partie de la culture française, comme la corrida dans le sud. À ce titre, il convient de tempérer la protection animale pour préserver la tradition. Votre adversaire contre avec la chasse à la glu (tartiner de glu des branches d’arbres) qui est une torture inhumaine qui dévaste des espèces d’oiseaux en voie d’extinction. Vous répondez que vous ne pensiez pas à cet exemple très spécifique mais à la chasse plus conventionnelle au sanglier, dont la régulation de la population rend service aux agriculteurs.

Francis Cabrel : La Corrida « Est-ce que ce monde est sérieux ? ».

Votre adversaire vous contre sur les souffrances « gratuites » en réclamant la suppression de la corrida. Vous répondez en comparant ces souffrances à celles des animaux d’élevage et dans l’expérimentation scientifique et médicale, si on interdit ces activités  « récréatives » il faut arrêter tout l’élevage et l’expérimentation, ce qui causerait des catastrophes alimentaires et de santé publique.

L’anthropomorphisme : Prêter des émotions et une personnalité humaine à ce qui ne l’est pas.

À bout d’arguments, votre adversaire se met à pérorer sur la souffrance animale qui est égale à la souffrance humaine, que c’est un génocide, que vous êtes un Nazi, que votre indifférence à la souffrance fait de vous un « monstre », qu’il faudrait assassiner tous les bouchers…

Voyons le « procédé suprême » de mauvaise foi.

10. La Guerre psychologique totale

    Le « Stratagème Ultime ».

Principe :

Attaquez l’adversaire sur sa personne, en vous montrant méchant, blessant… faites-le souffrir pour l’outrager, traitez-le plus bas que terre, humiliez-le et dénigrez ensemble le message et le messager. En dégradant l’adversaire vous troquez une victoire intellectuelle par un échange d’horions, une empoignade d’ivrognes altérés par les plus basses émotions.

Lutte dans la boue, bienvenue à Fort Boyard.

Parade :

Schopenhauer pense que rester calme et rationnel ne fonctionne pas. Il évoque la possibilité de s’abaisser au niveau de l’adversaire et conclue comme Aristote dans les Topiques, ne pas parler avec des gens irrationnels et indignes d’attention.

Tu t’es vu quand t’a tors ?

Personnellement je suggère de pousser un long soupir et méditer sur cette phrase de Michel Audiard : « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. ».  Rien ne vous oblige à vous abaisser à une réponse.

Exemple :

Je juge que l’exemple est parfaitement superfétatoire.

Surtout gardez votre calme.

Il est plus que temps de passer aux choses sérieuses.

Partie III : Les stratagèmes honorables 

    Chaque stratagème honnête intellectuellement peut être utilisé de façon malhonnête, d’ailleurs ils ont tous leurs pendants déloyaux. La base du discours est simplement le syllogisme, l’exposition claire de ses prémisses et leur conclusion apodictique (exacte). Les stratagèmes honorables servent essentiellement à désarmer la malhonnêteté adverse en la retournant contre l’adversaire.

Bruce Lee, Maître du Syllogisme.

Si on transposait la question rhétorique en termes d’arts martiaux, l’argumentation conventionnelle consiste à articuler un syllogisme avec simplicité et efficacité. Ce serait un art martial de close-combat sans fioriture, tel le Krav Maga ou le Taekwondo. Les stratagèmes honnêtes visent à retourner le « déséquilibre logique » adverse, tout comme l’Aïkido retourne la force de l’agresseur contre lui. 

Art martial brésilien : la Capoeira.

Quand aux effets de manche inutiles (expression venant des gesticulations théâtrales des amples manches des robes d’avocat), ce serait de la Capoeira… 

Morihei Ueshiba Osensei (1883-1969) Fondateur de l’Aïkido.

Néanmoins,  les procédés listés ici ne sont pas basés sur la trahison de la rigueur déductive du syllogisme. Ce sont des moyens de mettre en valeur son raisonnement (A) et de démontrer l’erreur du syllogisme adverse (B).

A. Défendre sa thèse 

    Nous examinerons quatre stratagèmes, les Avant-postes (1), le Random (2), la Feinte (3), la Retorsio Argumenti (4).

1. Avant-postes

    Stratagème numéro 4.

Principe :

On peut traiter le syllogisme de deux manières, plaquer la conclusion et monter à rebours le raisonnement en expliquant les prémisses. De même, on peut les disséminer stratégiquement tels des avant-postes dans le raisonnement, sans les classer dans l’ordre.

Jeu de Go. Tout se joue dans le positionnement des premières pierres pour contrôler le terrain, avant la confrontation directe.

L’avantage de placer ses prémisses dans le désordre est de retirer à l’adversaire l’opportunité de les contester de mauvaise foi.

Exemple :

Vous soutenez la thèse que la civilisation moderne démocratique et capitaliste émane de la chaîne comprenant la pensée gréco-romains (comme expliqué dans l’article sur les 7 Sages de la Grèce antique), judéo-chrétienne, de la Renaissance et des Lumières. Votre adversaire soutient que la civilisation islamique y a également et autant contribué.

Les 7 Sages grecs au IVe Siècle Avant notre ère.

Votre adversaire avance que durant le Moyen-Âge l’héritage gréco-romain a été chassé d’Europe et que c’est les musulmans qui l’on préservé et transmis, permettant ainsi la Renaissance. Vous contrez en expliquant que la pensée hellène (synonyme de « grecque ») est caractérisée par la critique logique et morale et que l’Islam réfute la possibilité de critiquer ou d’interpréter la loi divine.

Averroes (1126-1198) : À l’instar de Saint Thomas d’Aquin, il a tenté de faire bénéficier sa religion d’Aristote.

L’Islam s’en tient à l’interprétation littérale de la loi, même aujourd’hui sous la domination du mouvement wahhabite et des Frères Musulmans côté Sunnite (les Chiites également). Les musulmans ont rejeté l’élan gréco-romain, les tentatives libérales émanant du Soufisme ou d’Averroes ont été impitoyablement écrasées comme hérésies.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) : Grâce à lui le Christianisme s’est approprié la pensée d’Aristote, ce qui a engendré la civilisation occidentale.

Le Christianisme, qui lui a fait sien cet héritage, a également été impitoyablement écrasé par l’Islam en Orient. Les écrits en latin et en grec présents dans les palais, les forteresses et dans le blanc-manteau des églises et cathédrales européennes ont été préservés, copiés et étudiés. 

Dante Alighieri (1265-1361) : Un des trois pères de la Renaissance florentine.

C’est à Florence que Dante, Pétraque et Boccace en redécouvrant les traités de Cicéron et Aristote que la Renaissance est née. L’Islam n’aurait su transmettre ce qu’elle a elle-même rejetée. Il n’est jamais venu à l’idée de personne d’apprendre  l’arabe à la Renaissance pour étudier. Les trois langues idoines étaient l’hébreu, le grec et le latin.

Cicéron (106-43 Avant notre Ère) : Nous lui devons la transmission d’une part essentielle du savoir rhétorique antique.

Votre adversaire vous traite « d’Islamophobe » et de « négationniste ». Pour contourner la mauvaise foi de l’adversaire vous abordez en vrac la parité des droits homme-femme, la liberté d’expression, la liberté de culte, l’athéisme et la laïcité, le concept de crédit, l’art de la peinture et de la sculpture qui exaltent la sensualité.

Hassan el Bana (1912-1949) : Fondateur des Frères Musulmans qui visent à faire du monde un califat islamique.

Votre adversaire vous demande où vous voulez en venir. Vous lui demandez ce que l’Islam a à voir avec tous ces concepts qui sont promus par la culture occidentale. Tous ces concepts étant rejetés par l’Islam il est battu.

Examinons un stratagème voisin, le Random.
 

2. Random 

    Stratagème numéro 9.

Principe :

Le stratagème précédent élimine la mauvaise foi dans le raisonnement adverse, celui-ci vise plus directement à empêcher  sa mauvaise foi d’entraver les prémisses. Quand l’adversaire fait de l’obstruction pour vous empêcher d’entamer votre adversaire, employez l’ « aléatoire », le « Random » dirait-on en anglais.

Déstabilisez l’adversaire en posant vos questions dans le désordre.

Exemple :

Vous soutenez que la suspension des accords de Bretton Woods de l’étalon-or en 1971 était une nécessité du point de vue de l’expansion de la richesse mondiale. Votre adversaire sait qu’il a des arguments très forts, il défend que la capacité d’exiger à n’importe quelle banque centrale d’un État de convertir ses devises en or (concept d’étalon-or) est un parapet contre l’hypertrophie de l’endettement et la manipulation de la monnaie en la dévaluant par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut, la richesse produite par un pays).

Les accords de Bretton Woods en 1944 qui ont posé les bases de l’économie d’après-guerre.

En effet, les crises économiques qui s’enchaînent depuis 2008 avec les sub-primes, 2011 et la crise de l’euro, et actuellement l’épidémie de covid, les banques centrales ont soutenu les économies en « faisant marcher la planche à billets », en émettant plus de devises et baissant les taux d’intérêts (qui permettent aux banques d’emprunter et prêter moins cher).

Président des États-Unis Bill Clinton (1993-2001) : Le responsable de la crise des subprimes en créant des organismes de garantie des emprunts à taux variables, pour financer l’accès à la propriété.

De plus, la Chine n’a de cesse de dévaluer le Yen par rapport à son PIB afin d’exercer une hégémonie et une concurrence déloyale à l’exportation (soutenue par l’oppression de son peuple sous-payé et dépourvu de droits). Vous rétorquez que les réserves d’or sont limitées et que la richesse mondiale suit une augmentation exponentielle qui ne peut que dépasser le niveau des réserves d’or. Le côté pernicieux de l’étalon-or est que l’or devient une ressource stratégique qui dévalue mécaniquement une monnaie indépendamment du PIB. Ainsi l’or devient un moyen de plus de truquer l’économie au lieu de la sécuriser. D’autant que l’or demeure une valeur refuge.

Le légendaire Fort Knox où les États-Unis conservent leurs réserves d’or.

Votre adversaire rétorque que le capitalisme est une mafia qui enrichit une minorité et que l’endettement permet de mener une politique de redistribution et « d’investissement ». Il est clair que vous avez à faire à un socialiste convaincu hermétique à toute critique du surendettement des États, qui fera obstruction à tout début de raisonnement contraire à son opinion.

Dessin animé les Simpson : « Le dernier vrai démocrate ».

Vous lui demandez s’il pense que l’économie est un domaine où les États se montrent loyaux et fair-play. S’il pense que les achats internationaux de ressources suivent équitablement les besoins de chacun. S’il pense qu’il n’y a pas de chantage basé sur la détention de ressources stratégiques. S’il pense que la plus grosse puissance du monde ne profiterait pas de son monopole pour poser des ultimatums.

Mon or… mon bel or !

Votre adversaire accepte vos constats. Il ne vous a pas vu venir quand vous lui demandez si dans ce cas le monopole de l’or dans le cadre de l’étalon or ne serait pas le moyen pour une super-puissance d’abuser de son pouvoir. Compte tenu de ses positions, la suite de la discussion vous donnera forcément raison.

Examinons maintenant la Feinte.

3. Feinte

    Stratagème numéro 10.

Principe :

Votre adversaire contre systématiquement votre syllogisme et la discussion ne mène nulle part. Vous produisez un syllogisme contraire pour désamorcer sa mauvaise foi.

Servez-vous de sa réaction pour désorganiser sa défense. S’il est d’accord fendez ses défenses Ex Concessis, sur ses concessions. S’il est en désaccord faites-lui savoir qu’il ne peut pas contredire simultanément deux idées opposées.

Exemple :

Vous soutenez que les marabouts exercent aux yeux de ceux qui croient à leurs pouvoirs de la « vraie magie », car ils entérinent inconsciemment leurs sortilèges. Votre adversaire soutient que votre théorie sur le subconscient qui génère les effets attendus des malédictions est fausse.

Retour de l’être aimé, guérison des escarres et de l’acné, résultats garantis.

Vous développez une nouvelle thèse concernant les médicaments placebos. Vous soutenez que les placebos n’ont aucun effet sur la santé. Examinons les hypothèses, si votre adversaire vous contredit ou vous donne raison.

Contradiction :

Votre adversaire soutient qu’au contraire les études prouvent qu’un patient convaincu qu’il prend un médicament a plus de chance de guérir, même si c’est un placebo (faux médicament neutre). Vous rebondissez en relevant qu’il est étonnant de reconnaître les vertus positives du subconscient concernant les placebos et de dénier les effets négatifs quand on est convaincu qu’un malheur arrive.

Examinons le dernier stratagème pour défendre votre thèse, le Retorsio Argumenti.

4. Retorsio Argumenti

    Stratagème numéro 26.

Principe :

Il s’agit d’une technique brillante qui consiste à retourner l’argument adverse contre lui, en en faisant un meilleur usage.

Exemple :

Vous soutenez que la culture biologique n’est pas la panacée pour l’agriculture, entre les coûts, les baisses de rendement, le manque de demande, l’importation de produits étrangers à cause du « dumping social » (par exemple venant d’Espagne). Des exploitations utilisant raisonnablement des pesticides et des engrais peuvent donner des produits de grande, voire de meilleure qualité (par exemple des tomates biologiques espagnoles sous serre qui ne voient ni la terre ni le soleil). Le biologique n’est pas nécessairement le meilleur pour la santé, comme la contamination en 2011 à l’Escherichia coli en Allemagne qui était due à des cultures employant des excréments « biologiques ».

Poison Ivy (de chez DC COMICS). L’Escherichia coli n’est pas la seule dérive possible de l’agriculture.

Votre adversaire contre en disant que la culture biologique constitue le progrès et qu’il est donc rétrograde de s’opposer à sa généralisation. Vous lui rétorquez que justement l’humanité s’est arrachée du biologique au nom du progrès, afin de permettre le développement de l’agriculture. Les pesticides et les engrais convenablement utilisés constituent le progrès. Un État comme Israël est leader mondial dans les technologies avancées de l’agroalimentaire qui constituent l’avenir.

Voyons les techniques pour contrer la thèse adverse.

B. Contrer la thèse adverse 

    Ces neuf stratagèmes honnêtes intellectuellement pour contrer la thèse adverse visent à mettre en exergue l’erreur logique de l’adversaire. Ce sont le Contre favorable Ad Hominem & Ex Concessis (1), la Maïotique (2), Choisir ses tropes (3), l’Antithèse (4), Punir l’adversaire par là où il a péché (5), la Colère révélatrice (6), l’Argument d’autorité (7), le Pas de quartier (8) et les Intérêts bassement matériels (9).
 

1. Contre favorable Ad Hominem & Ex Concessis 

    Stratagème numéro 5.

Principe :

Comme Aristote l’expose dans les Topiques, il peut arriver que l’adversaire s’oppose à toutes vos prémisses parce qu’il est radicalement contre, ou parce qu’il est de mauvaise foi et refuse de vous laisser préparer votre conclusion. C’est typiquement ici qu’il faut avancer Ad Hominem (sur les arguments adverses) ou Ex Concessis (sur ses concessions).

La conclusion apodictique qui surgit par surprise.

Pour cela faudra fournir des prémisses, qu’elles soient étrangères à votre thèse ou fausses, pour peu que votre adversaire les accrédite. Sur ces prémisses il vous sera possible d’avancer vers des conclusions apodictiques (exactes) et donc revenir à votre thèse.

Exemple :

Vous avancez que la crise des subprimes de 2008 est la faute du Président des États-Unis Bill Clinton. Il créé deux fonds de garantie pour permettre aux primo-accédants à la propriété de souscrire des crédits à taux variables. Ces crédits sont indexés sur un critère boursier qui ne peut qu’exploser tôt ou tard. Donc tout crédit à taux variable est appelé à devenir impayé. 
 

Coyote : Conseiller en bricolages fiables valide les subprimes.

Autrement dit, Bill Clinton a créé une bulle spéculative. Pour tenter de rendre viable un montage mort-né, l’administration américaine a permis aux banques de transformer ces produits toxiques en produits bancaires intégrés à des packs d’autres produits financiers. Ces micro-bombes sales ont été vendues aux banques du monde entier, jusqu’à ce qu’elles soient en quantité suffisante partout dans le monde pour causer une crise mondiale.

Faillite de Lehman Brothers : Le symbole de la crise des subprimes de 2008.

Votre adversaire balaye tous vos arguments en rétorquant que c’est la faute des banques qui ont « fait de l’argent » sur une bombe à retardement spéculative. Votre adversaire soutient des thèses anti-capitalistes et il n’acceptera jamais de reconnaître la moindre responsabilité politique venant des Démocrates. 

Les banques ont servi de bouc-émissaires aux Démocrates responsables des Subprimes et Jérôme Kerviel a servi de bouc-émissaire à la Société Générale.

Vous lui demandez qui est responsable si un constructeur de voitures laisse sciemment une pièce potentiellement dangereuse, (car cela lui revient moins cher d’affronter ce risque) ? Votre adversaire répond immédiatement que c’est le patron corrompu et sans morale qui est responsable. Vous pouvez argumenter Ad Hominem sur le fait que le concepteur d’une machine infernale est responsable, qu’il soit ingénieur ou politicien.

Passons à un des procédés les plus nobles, la Maïeutique Socratique.

2. Maïeutique

    Stratagème numéro 7.

Principe : Également appelé méthode « érotématique » (de « questionnement ») est une pratique qui remonte à Socrate lui-même (énoncée dans le chapitre XV des Réfutations Sophistiques d’Aristote). Socrate l’appelait « Maïeutique », « accouchement ». On dit que c’était en hommage à sa mère qui était sage-femme.

Socrate (469-399). Penseur le plus important de l’histoire occidentale.

Le sens de la Maïeutique est également une mise à l’épreuve, car les enfants trop faibles ne survivaient pas. Socrate interrogeait un quidam jusqu’à ce qu’il démontre par lui-même l’ « aporie », l’impasse logique de son affirmation. C’est également pourquoi Socrate disait que la connaissance la plus importante est de « savoir que l’on ne sait rien », car seul celui qui ne réfléchit pas estime tout comprendre.

Exemple :

Président des États-Unis Ronald Reagan (1981-1989) : Seul Donald Trump a obtenu de meilleurs résultats économiques.

Vous soutenez que le Président des États-Unis Ronald Reagan a vaincu l’Union Soviétique grâce à la « Stars War», la « Guerre des Étoiles », la course à l’armement de pointe.

Alexandre Soljénitsyne, il a ouvert les yeux de l’occident avec son ARCHIPEL DU GOULAG publié en 1973.

L’industrie Soviétique poussée à son maximum était incapable de suivre l’industrie militaire américaine et s’est ruinée dans cet effort. Votre adversaire dénie ce mérite au Président Reagan et maintient que c’est la traîtrise de Mikhaïl Gorbatchev en 1991 qui a causé cette chute.

Mikhaïl Gorbatchev, Président de l’Union Soviétique de 1985 à sa fin en 1991.

Vous demandez à votre adversaire si l’Union Soviétique arrivait à nourrir sa population. Il répond non. Vous demandez pourquoi, il reconnaît la corruption et la désorganisation du plan quinquennale. Vous lui demandez si le système communiste en Russie ou ailleurs a déjà produit autant de richesses que le capitalisme. Il répond non. Vous lui demandez si les États-Unis au sommet de leur prospérité avaient plus de ressources que l’URSS. Il acquiesce. Vous demandez si dans la course à l’armement l’URSS avait une chance de rivaliser avec les États-Unis. Il reconnaît que vous aviez raison.

Le 9 novembre 1989 chute le Mur de Berlin, annonçant l’écroulement de l’Union Soviétique qui a fait plus de 100 millions de morts.

Quand un adversaire est sérieux cette technique est profitable à tous les interlocuteurs. 

3. Choisir ses tropes

    Stratagème numéro 12.

Principe : Un trope est un lieu rhétorique, un nom donné à une figure métaphorique. Plus simplement une étiquette comme vu précédemment est un trope. Par exemple les socialistes se qualifient de « progressistes » ce qui implicitement signifie qu’ils sont pour une évolution positive et que leurs adversaires sont contre ces progrès.

Il convient donc de définir les lignes de combat de façon à ne pas être perdant depuis le départ. La différence avec l’Association Infamante vue précédemment est qu’il ne s’agit plus de récuser un trope adverse mais de définir un clivage sérieux et solide pour appuyer votre thèse.

Exemple :

En matière religieuse, l’enjeu se situe entre légitimité et dérive sectaire. Une religion respectable est une institution, une religion détestable est une « hérésie », une « secte ».

Les Cathares, un bon exemple historique de dérive considérée hérétique par l’Église.

En matière politique l’illégitimité est dans le caractère extrême. Le libéralisme est de « l’ultra-libéralisme » en France, ce qui interdit d’office toute forme de légitimité en lui ôtant modération et raison. En France la bien-pensance est de gauche. Les groupes les plus à droites sont « d’extrême-droite », trope infamant. Par contre les partis et les idées les plus à gauche ne sont jamais ou rarement « d’extrême-gauches ». « Groupuscules » et les « ultras » sont de droite, très rarement de gauche.

Voyons l’antithèse.

4. L’antithèse

    Stratagème numéro 13.

Principe :

Dans l’Art de la Guerre, la surprise, la vitesse et la brutalité de l’attaque éclair sont des options prisées vers la victoire. Il s’agit d’une manœuvre de guerre de mouvement en exploitant une poussée adverse excessive en reculant, pour triompher d’une contre-attaque foudroyante. Quand votre adversaire s’oppose très violemment à votre thèse, laissez-le s’avancer excessivement.

Le génie chinois Sun Tzu, son Art de la Guerre écrit il y a 2 500 ans reste insurpassable.

Soudainement soumettez lui une thèse opposée avec autant de force. Pris entre sa propre férocité et celle de votre attaque il sera contraint de perdre sa dynamique. Vous exploiterez le contraste entre sa position d’origine Ad Hominem et celle obtenir Ex Concessis pour briser sa thèse et placer la vôtre.

Exemple :

Votre adversaire soutient avec force que la lutte des classes est toujours d’actualité. Vous soutenez que depuis la fin de la deuxième révolution industrielle à l’orée du XXe Siècle l’industrie a cessé d’opprimer ses ouvriers grâce aux avancées démocratiques, sauf justement… en Chine communiste.

Il multiplie férocement les exemples en s’appuyant sur la disparité de répartition des richesses et du pouvoir, comme si le monde entier était en guerre civile où les possédants oppriment et exploitent les masses laborieuses.

Le Capital (1867) de Karl Marx.

Vous l’encouragez à développer sa thèse, en politique, en économie, en matière de justice. Votre adversaire dépeint un monde où le capitalisme est une forme d’esclavage.

Vous lui demandez avec tout autant d’intensité qu’est-ce qui a prolongé l’espérance de vie des masses populaires, fait s’écrouler le taux de mortalité infantile, extrait de la misère des millions d’individus, créé une classe bourgeoise, créé et répandu  liberté, culture, savoir, opportunité, si ce n’est le capitalisme ?

Votre adversaire ne vous donnera jamais raison mais à moins de sortir de la conversation il devra faire des concessions qui contrastent fortement avec sa thèse de base. Engouffrez-vous sur ces contradictions pour enfoncer ses positions jusqu’à emporter la victoire.

Un voisin mais plus opportuniste suit.

5. Punir l’adversaire par où il a péché 

    Stratagème numéro 21.

Principe :

Si vous constatez que votre adversaire trahi sa propre faiblesse ne le lâchez pas jusqu’à l’avoir châtié.

Exemple :

Votre adversaire prétend que José Bové a eu raison de faire détruire les champs d’expérimentations scientifiques d’OGM au début des années 2000. Vous soutenez que ces champs étaient à la pointe de la science mondiale et que cette action a ruiné l’avance de la France en la matière.

Votre adversaire affirme que les OGM sont mauvais pour la santé et l’environnement et que c’est donc une bonne chose que la France ait perdu cette industrie agroalimentaire. Il vous suffit d’alléguer les gains en eau, l’économie en engrais, en pesticide, les accroissements de production et la baisse des coûts de production permis par les OGM, à l’heure où les terres arables disparaissent, les nappes phréatiques et les sols sont pollués et où la population s’accroît.

Si vous ne laissez pas l’adversaire dévier du sujet vous l’emporterez.

Voyons la colère révélatrice.

6. La colère révélatrice 

    Stratagème numéro 27.

Principe :

Sun Tzu dans son Art de la Guerre dit « Si ton adversaire est colérique, irrite-le ». En l’occurrence si vous sentez que votre adversaire est hypocrite en se forçant contre sa propre opinion, le mieux est de faire exploser cette contradiction.

Exemple :

Votre adversaire maintient que la violation permanente du secret de l’instruction en France est non seulement inévitable mais également saine. Dès le début des investigations policières les journaux ont des sources qui ne peuvent être que les fonctionnaires qui leur délivrent tout le dossier.

Vous vous y opposez car le principe de la présomption d’innocence est perpétuellement bafoué sur le tribunal médiatique et émotionnel de l’opinion publique. Votre adversaire rétorque que la présomption d’innocence est quand même respectée car ce sont les juges qui en décident. Vous voyez une énorme mauvaise foi puisque les juges sont grandement influencés par la pression du tribunal médiatique. En multipliant les exemples de juges ainsi influencés vous pouvez le mettre en colère et révéler qu’il ne croit pas lui-même à sa thèse.

Voyons le Dixit Master.

7. Argument d’autorité 

    Stratagème numéro 30.

Principe :

Votre propre crédit personnel ne suffisant pas à faire rendre gorge à votre adversaire, vous invoquez à votre secours une figure dont l’autorité imposera votre thèse. Il faut être excessivement parcimonieux et minutieux pour ne pas donner l’impression que l’on cite n’importe comment Levinas, Descartes et Spinoza, à défaut d’avoir des arguments.

Dans le même esprit que le cinquièmement.

8. Pas de quartier !

    Stratagème numéro 34.

Principe :

Si vous tenez le bon bout, montrez-vous impitoyable jusqu’à acculer et triompher de l’adversaire.

Voyons le dernier stratagème.

9. Les intérêts bassement matériels

    Stratagème numéro 35.

Principe :

Quelque fois il est plus efficace de se passer de la démonstration déductive pour prouver sa thèse, pour directement évoquer les conséquences matérielles. Les finalités parlent d’elles-mêmes.

Exemple :

Votre adversaire soutient que les éco-carburants comme le colza sont l’avenir de l’automobile. Il suffit de lui répondre que pour cela il n’y aura jamais assez de terres arables et que ce serait la famine pour clore le débat.

Conclusion 

    Les Samouraïs japonais estiment selon leur « éthique », le Bushido, que le katana (sabre) ne se brise jamais tant que l’esprit demeure aiguisé. Le Rhéteur forge son esprit au feu de la logique, sous les coups de ses adversaires. Il restera certainement plus solide et tranchant en s’épurant des impuretés rationnels. Et dans le cas contraire, un autre duelliste lui enseignera la supériorité d’une logique rigoureuse !

Merci pour votre lecture !

Sapere aude ! Osez savoir !

Miyamoto Musashi sous le pinceau de Takehiko Inoue.

Annexe 1 : Table des matières 

7. L’association infamante 

8. Opposer théorie et pratique 

9. La Folie

10. La Guerre psychologique totale

Partie III : Les stratagèmes honorables 

A. Défendre sa thèse 

1. Avant-postes

2. Random 

3. Feinte

4. Retorsio Argumenti

B. Contrer la thèse adverse 

1. Contre favorable Ad Hominem & Ex Concessis 

2. Maïotique

3. Choisir ses tropes

4. L’antithèse

5. Punir l’adversaire par où il a péché 

6. La colère révélatrice 

7. Argument d’autorité 

8. Pas de quartier !

9. Les intérêts bassement matériels 
 

Annexe 2 : Lexique 

- Éristique : Art de la controverse, discipline inventée par Protagoras. 

- Prémisse : Les deux premières étapes du syllogisme sont des prémisses. Elles permettent d’amorcer la conclusion. La première prémisse porte sur une vérité générale et la seconde le cas particulier auquel on va l’appliquer.

- Syllogisme : Procédé déductif inventé par Aristote. Il comporte 3 étapes, une prémisse majeure qui porte sur une vérité générale, une prémisse mineure sur un cas particulier. Un moyen commun aux deux permet d’effectuer une conclusion apodictique (exacte). Le syllogisme est le moteur logique de la science moderne, notamment en droit et en médecine.

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